«L'Ontario devrait utiliser les fonds publics pour construire des hôpitaux et améliorer le transport en commun, pas pour ouvrir des magasins de vente d'alcool», croient les dépanneurs Mac's, propriétés d'Alimentation Couche-Tard.

Le vice-président exploitation de la chaîne de dépanneurs pour le centre du Canada, Tom Moher, trouve «folle» l'idée que le gouvernement ontarien dépense «des millions de taxes difficilement gagnées» pour construire des LCBO (l'équivalent de nos SAQ) alors que la société a d'autres besoins plus pressants, selon lui.

«Nous sommes capables dans le secteur privé de construire des magasins pour vendre de la bière, du vin et des spiritueux. Les contribuables n'ont pas à investir dans des LCBO», a-t-il déclaré hier dans un communiqué. Le plan stratégique de la société d'État (2013-2016) prévoit l'ajout de 44 magasins (dont 10 express) à son réseau qui en compte aujourd'hui 638.

En Ontario, la bière est vendue dans les magasins The Beer Store (propriété des brasseries Labatt, Molson et Sleeman) ainsi que dans les LCBO (société d'État) qui offrent en outre du vin et des spiritueux.

Combien la vente d'alcool rapporterait-elle aux Mac's de l'Ontario? Hier, la porte-parole et directrice du marketing de Couche-Tard, Mélissa Lessard, a affirmé à La Presse Affaires qu'elle n'était pas en mesure d'obtenir l'information.

Promesse de 54 millions

Alimentation Couche-Tard est en croisade pour obtenir le droit de vendre de l'alcool dans ses 547 Mac's ontariens. L'Ontario Convenience Stores Association (OCSA), qui a sondé la population à ce sujet, l'appuie dans ses démarches. Le site FreeOurBeer.ca a été mis en ligne, et 112 500 personnes ont signé une pétition pour que les dépanneurs puissent vendre de la bière et du vin.

Début septembre, Couche-Tard a même promis que s'il obtenait ce droit, il investirait 54 millions dans la construction «de 27 dépanneurs ultramodernes». Ces établissements créeraient 170 emplois, fait valoir l'entreprise établie à Laval. La vente d'alcool se traduirait aussi par l'ajout de 1700 autres postes dans le réseau.

Selon un sondage réalisé par l'OCSA en 2011, 60% des Ontariens aimeraient pouvoir acheter de l'alcool dans les dépanneurs.

Meilleurs choix au Québec

Au Québec, on se rappellera que Couche-Tard a commencé, en août, à vendre des vins importés par Julia Wine dont les prix varient de 13 à 70$. Cette entreprise québécoise a trouvé le moyen de contourner la réglementation qui empêche les épiceries et les dépanneurs de vendre des bouteilles sur lesquelles le cépage est inscrit. Julia Wine fournit l'information sur son site internet.

Pour le moment, le tiers des dépanneurs offrent cette sélection qui en a surpris plus d'un. Surtout que les partenaires ont annoncé que des bouteilles à 150$ feront leur apparition sur les tablettes dans le temps des Fêtes.

«Les gens ont une confiance aveugle en la SAQ, mais c'est seulement l'affichage des cépages qui tient le truc debout. C'est maintenant la fin de la prohibition», avait déclaré Alain Lord Mounir, président du conseil et chef de la direction chez Julia Wine, dans une entrevue au journal Le Soleil.

Du côté de Couche-Tard, on n'essaie pas de faire changer les règles pour pouvoir inscrire le nom des cépages sur les bouteilles. «Nous préférons travailler sur ce que nous contrôlons pour le moment, soit la présentation en magasin, l'offre de produit et le marketing au point de vente», a expliqué Mélissa Lessard, dans un courriel.

«Notre objectif est de changer la perception des Québécois sur le vin "de dépanneur" en leur démontrant que le marché a évolué et que du vin de qualité comparable à la SAQ est disponible au coin de la rue. L'ajout du cépage [sur l'internet] est l'une des façons de s'approcher de notre objectif.»

Photo Alain Tremblay, La Presse