Il y avait une file sur la rue Sainte-Catherine Ouest près de l'ancien Forum, hier matin, et ce n'était pas parce qu'Apple lançait un nouveau produit. Une quarantaine de personnes attendaient impatiemment l'ouverture de l'épicerie méditerranéenne Adonis. La Presse Affaires a rencontré l'un des trois fondateurs de l'entreprise, Elie Cheaib, pour comprendre les défis posés par cette implantation en plein centre-ville.

Ce n'est pas tous les jours - ni même tous les cinq ans - qu'un supermarché ouvre ses portes au rez-de-chaussée d'une tour à condos sur l'artère commerciale la plus achalandée de Montréal. Et pour cause. L'exercice, en plus d'être coûteux pour un secteur reconnu pour ses faibles marges de profit, n'est pas simple. Espace restreint, stationnement rare et cher, clientèle pressée en transit...

«On a essayé de maximiser le stationnement. Il y a 30 espaces souterrains, et nous avons fait une entente avec la Place Alexis-Nihon pour y louer 20 places», lance spontanément Elie Cheaib quand on lui demande quels ont été ses plus importants défis logistiques de ce projet de 6,5 millions de dollars.

À son avis, il est impensable d'ouvrir une épicerie sans stationnement, même si ça suppose des coûts importants. «On veut offrir autant de services à l'intérieur du magasin qu'à l'extérieur. On veut offrir du confort à nos clients. C'est la moindre des choses. Sans stationnement, on perdrait des ventes.»

Ces 50 places devraient suffire, étant donné que les clients passent en moyenne 40 minutes à faire leurs courses chez Adonis, calcule l'homme d'affaires. Autrement dit, le roulement est assez rapide. De plus, l'épicerie attirera bon nombre de piétons, prévoit-il.

Pour desservir cette clientèle, un service de livraison (payant) sera d'ailleurs offert, ce qui est une première pour la chaîne qui compte sept points de vente, dont six au Québec.

Sur deux niveaux

L'étroitesse des lieux complique aussi la réception des marchandises. L'épicerie ne possède qu'une seule porte pour accueillir les semi-remorques. La marchandise est entreposée au sous-sol, et deux ascenseurs (l'un pour les fruits et légumes, l'autre pour l'épicerie) la transportent un étage plus haut.

«La nourriture qui passe d'un étage à l'autre, ce n'est pas évident», a commenté le président de Metro (actionnaire majoritaire d'Adonis depuis 2011), Éric Richer La Flèche, présent à l'ouverture officielle.

Adonis n'a pas voulu offrir moins de produits au centre-ville (15 000 pi2) que dans ses autres points de vente (25 000 pi2 au DIX30, à Brossard). Des étagères plus hautes d'un pied (soit une tablette) sont utilisées, et le nombre de facings (surfaces de présentation frontale), comme on dit dans le jargon, a été réduit. Adonis utilise aussi, pour la première fois, d'ingénieux comptoirs réfrigérés possédant une tablette près du sol pouvant accueillir plus de fromages et de viande.

Vu sa situation géographique, près du Collège Dawson, du Collège LaSalle et de plusieurs tours à bureaux, Adonis prévoit accueillir plusieurs affamés voulant manger sur le pouce. «On a placé le comptoir de prêt à manger dans l'entrée, près des caisses, pour que ça aille vite», note Elie Cheaib, qui veut aussi profiter de l'augmentation du nombre de résidants dans le secteur, grâce à la multiplication des tours de condos. Adonis s'attend à ce que la valeur du panier moyen de son épicerie urbaine soit moins élevé. «Ce sera peut-être de 25$.»

La création d'Adonis remonte à 1979. Les frères Elie et Jamil Cheaib et leur ami Georges Ghrayeb avaient alors acheté un petit magasin de 1000 pi2 sur la rue Faillon qu'ils ont rebaptisé Adonis avant de le déménager sur la rue Sauvé, en 1984.