Déjà échaudés par le déclin de leurs ventes depuis deux ans, les détaillants du Québec devront maintenant apprendre à composer avec une croissance annuelle très modérée. Endettés, prudents, informés et vieillissants, les consommateurs ne dépensent plus comme avant, constatent les experts réunis à la conférence québécoise de l'International Council of Shopping Centers (ICSC), qui se termine aujourd'hui à Montréal.

«Ça va prendre un bon bout de temps avant qu'on revoie des croissances de 5 ou 6% comme il y en avait avant la crise [2008-2009]. Autant pour des raisons démographiques qu'à cause de l'endettement des consommateurs, des salaires qui sont stables et de la faiblesse de la croissance économique», a affirmé Jean-François Grenier, directeur principal au Groupe Altus, au cours d'un panel économique.

La population vieillit

Non seulement la population de la province augmente-t-elle peu, mais elle vieillit et, de ce fait, dépense moins. Les premiers baby-boomers ont eu 65 ans en 2011 et, dans 20 ans, ils auront tous atteint cet âge, a rappelé l'expert.

Économiste principal chez RBC Marché des capitaux, Robert Hogue prévoit en effet que les ventes des commerçants du Québec augmenteront de moins de 2,67% cette année. Pour 2014, il s'attend à une hausse de 3,4%. «C'est sous la moyenne 2000-2012, qui a été de 4%», a-t-il indiqué.

Dans l'ensemble du Canada, il calcule que la croissance de la consommation sera tout aussi «modérée», atteignant 2,0% cette année et 2,5% l'an prochain.

Autres écueils pour les commerces: la concurrence étrangère s'intensifie constamment, les coûts d'approvisionnement en Chine augmentent et les coûts de transport aussi, «ce qui met beaucoup de pression sur les marges», observe Jean-François Grenier, précisant qu'environ 250 détaillants américains et européens sont présents au Canada et que ceux-ci encaissent déjà 40% des dollars dépensés.

Source de motivation

Chez Aldo, le contexte est une source additionnelle de motivation «pour être meilleur dans le contrôle de nos coûts et être pas mal prudent», a confié à La Presse Affaires la vice-présidente, immobilier et planification des magasins, Marie-Andrée Boutin, qui se dit plus optimiste que les économistes.

Par exemple, le détaillant s'assure d'avoir le bon nombre d'employés au bon moment dans ses magasins en fonction de l'achalandage et révise constamment son portefeuille immobilier. «Mais attention, le contrôle des coûts ne fonctionne jamais seul. Il faut augmenter les ventes!»

La présidente du Groupe Dynamite, Anna Martini, ne se laisse pas davantage décourager par la conjoncture.

«On est moins pessimistes parce qu'on est dans un créneau de masse et nos prix sont abordables. Même quand l'économie ralentit, il se vend toujours des vêtements. C'est agréable, et la mode change vite.»

Malgré la faible croissance anticipée des ventes au détail, les centres commerciaux du Canada affichent une meilleure performance (603$CAN le pied carré) que ceux des États-Unis (455$US le pied carré), selon l'ICSC. C'est d'ailleurs ce qui explique l'engouement des détaillants américains pour le Canada.

Hausse au premier trimestre

Selon l'ICSC, les ventes au détail (en excluant le secteur automobile) ont augmenté de 0,5% au Canada, au premier trimestre de 2013. Son événement à Montréal regroupe pendant deux jours quelque 1000 personnes de l'industrie, autant des promoteurs immobiliers que des gestionnaires d'immeubles, des courtiers et des détaillants.