Le marché de l'alimentation au Québec est-il à l'aube d'une guerre de prix accentuée entre les chaînes de supermarchés, en réaction à l'expansion rapide de Walmart dans leur marché?

Du moins, c'est l'hypothèse que formule le principal analyste en commerce de détail chez la firme boursière BMO Marché des capitaux, Peter Sklar, à partir de sa surveillance attentive des prix dans les supermarchés.

Dans une note à ses clients-investisseurs, l'analyste indique avoir observé depuis le début de l'année une soudaine baisse des prix dans les supermarchés Maxi du groupe Loblaw/Provigo au Québec.

Cette baisse est survenue surtout dans les Maxi situés dans le voisinage de grands magasins Walmart qui ont été convertis récemment en «Supercentres», où se combinent aliments et marchandises générales sous un même toit.

Selon l'analyste, une telle baisse des prix chez Maxi représente un changement soudain de tactique commerciale de la part de Loblaw/Provigo au Québec, où il peine à maintenir ses parts de marché de façon rentable.

De plus, ce changement survient chez Maxi alors que Walmart n'en est encore qu'à 15 «Supercentres» parmi ses 64 grands magasins au Québec. Et que l'on connaît ses ambitions dans l'alimentation, avec des investissements soutenus en expansion et en réaménagement de magasins.

Dans ce contexte, estime Peter Sklar, ce n'est plus qu'une question de temps avant que les autres chaînes de supermarchés au Québec -Provigo, IGA, Metro&Super C et Loblaw - ne se voient forcées à imiter Maxi et doivent réduire certains prix afin de mieux résister à la concurrence accrue de Walmart.

«Les épiciers sont souvent préoccupés de la perception des écarts de prix entre leurs supermarchés conventionnels et les grands magasins de rabais», selon l'analyste en commerce de détail.

Chute des ventes en 2012

Entre-temps, d'autres indices suggèrent un transfert accru des achats alimentaires des Québécois des supermarchés traditionnels vers les grands magasins de rabais. Peter Sklar souligne la baisse de 2,5% des ventes des chaînes de supermarchés au Québec en 2012, «la pire parmi les provinces canadiennes».

Dans ce contexte, selon l'analyste, la baisse de prix observée dans les supermarchés Maxi qui sont proches des nouveaux «Supercentres» Walmart pourrait signifier un «moment d'inflexion» dans le marché alimentaire au Québec.

Ce marché réputé comme le plus rentable au Canada pour les supermarchés (en marges bénéficiaires) pourrait devenir défavorable pour leurs prochains résultats, si les baisses de prix se multiplient, croit Peter Sklar.

Du point de vue des consommateurs, un tel scénario s'annonce avantageux pour leur pouvoir d'achat alimentaire.

Mais pour les investisseurs en actions de détaillants, qui sont la clientèle cible de l'analyste Peter Sklar, un tel scénario est l'équivalent d'un gros feu jaune envers leur potentiel de rendement à moyen terme.