Près du tiers des dépanneurs canadiens n'ont pas fait un sou de profits ou ont fini l'année dans le rouge en 2011. Au Québec, c'est plus de 4 sur 10. Le grand responsable: la réglementation jugée excessive.

Dans une étude obtenue par La Presse Affaires, l'Association canadienne des dépanneurs en alimentation (ACDA) déplore le nombre élevé de règlements qui réduisent les marges de façon notable. L'ACDA note que le nombre de règlements auxquels doivent se plier les propriétaires (provinciaux et fédéral combinés) de dépanneurs au Québec est de 96. En Ontario, le nombre s'élève à 119.

Les coûts liés à la réglementation s'élèvent à 9796$ en moyenne par dépanneur, ou à 225 millions de dollars pour l'industrie, selon l'ACDA. «C'est le quart des profits nets, note Michel Gadbois, vice-président principal de l'ACDA. La lourdeur de la réglementation entraîne des coûts supplémentaires en frais d'avocats, par exemple. Le problème c'est qu'il n'y a pas de consultation interministérielle ou intergouvernementale à ce sujet.»

«Ce pourrait en effet être plus bas, souligne Sun Chun, propriétaire d'un dépanneur dans le Vieux-Montréal. La réglementation gruge des profits. Mais ça ne s'applique pas qu'à nous. Les restaurants aussi doivent faire avec la réglementation.»

En 2011, les ventes des dépanneurs qui n'exploitaient pas de station d'essence ont reculé de 3,2%. Tandis que celles des dépanneurs avec station d'essence ont crû de 22,3%, grâce à la hausse du prix moyen d'essence (de 20,4%). Globalement, les 22 984 dépanneurs du Canada ont déclaré des ventes annuelles de 39,1 milliards, en hausse de 15,7%.

«Malgré cela, les dépanneurs dégagent une faible marge bénéficiaire, dit Michel Gadbois. Une somme de 1 milliard de profits nets se traduit par 16 milliards en revenus pour les gouvernements. C'est un ratio élevé.»

L'ACDA pointe aussi les frais des cartes de crédit qui s'élèvent en moyenne à plus de 36 000$ par année, la contrebande de cigarettes et au prix minimum de la bière qui n'a pas changé depuis 20 ans qui rendent le chemin vers la rentabilité difficile pour les dépanneurs. «Au Canada, les frais de cartes de crédit pour les détaillants sont trois fois plus élevés qu'en Australie, par exemple, note Michel Gadbois. Il n'y a aucune justification. Ça nous fait mal. L'augmentation du prix de l'essence donne comme perception qu'on s'en met plein les poches. Mais c'est faux à cause des frais de carte de crédit.»

L'ACDA compte maintenant s'appuyer sur cette étude pour faire part aux gouvernements provinciaux du caractère excessif aux yeux des propriétaires de dépanneurs de la réglementation, déboulonner des mythes et faire reconnaitre l'importance économique de l'industrie. «On veut rappeler au gouvernement le rôle économique qu'on joue, dit Michel Gadbois. En trois jours, tout le Canada passe dans nos magasins!»