Le détaillant Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B) vient à peine de concrétiser l'acquisition de la chaîne norvégienne Statoil Fuel & Retail (SFR) qu'il envisage déjà une autre transaction majeure.

Jadis méconnu en Europe, Couche-Tard est sous les feux des projecteurs depuis l'annonce, en avril, de son offre d'achat de 2,7 milliards $ pour SFR.

Des banques d'investissement et des détaillants européens qui songent à se mettre en vente ont donc contacté l'entreprise lavalloise au cours des dernières semaines afin de vérifier si celle-ci a de l'appétit pour prendre une autre bouchée.

Il semble bien que oui. Au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers et les médias, jeudi, le chef de la direction financière de Couche-Tard, Raymond Paré, a expliqué que l'entreprise allait pouvoir se permettre une autre acquisition d'ici six mois ou un an, une fois qu'elle aura commencé à rembourser la dette qu'elle vient de contracter pour SFR.

«On ne peut pas simplement se détourner des occasions d'acquisitions et des nouvelles possibilités de croissance, a-t-il expliqué. Nous devons continuer dans cette voie, mais en tenant compte de notre niveau d'endettement.»

Les grandes pétrolières qui songent à se départir de leurs réseaux de stations-service pourraient notamment contacter Couche-Tard afin d'explorer les possibilités. Auparavant, celles-ci se gardaient de téléphoner à SFR du fait que l'entreprise était contrôlée par un de leurs concurrents, le géant étatique norvégien Statoil.

Le grand patron de Couche-Tard, Alain Bouchard, a déjà fait part de son intérêt pour l'Allemagne, qui s'en tire mieux économiquement qu'une bonne partie des pays européens. Il a aussi assuré que les États-Unis se trouvaient encore sur son radar.

Le PDG de SFR, Jacob Schram, a tenu à souligner jeudi que l'expansion future de Couche-Tard sur le Vieux Continent se ferait à partir d'Oslo, où se situe le siège social de SFR.

M. Bouchard a reconnu jeudi que se lancer en Europe alors que le continent connaît de graves problèmes n'était pas une mince affaire.

«C'est toujours dérangeant quand une économie comme celle de l'Europe est sous pression, quoique la Scandinavie, la Pologne et les pays baltes s'en sont très bien tirés», a-t-il déclaré, avant de vanter les mérites de la diversification géographique.

Statoil Fuel & Retail exploite quelque 2300 stations-service en Scandinavie, en Europe de l'Est et en Russie.

Propriétaire à 96,7 pour cent

Couche-Tard a par ailleurs indiqué jeudi que 94,1 pour cent des actions de SFR avaient été déposées jusqu'ici dans le cadre de son offre d'achat. L'entreprise a également acquis sur le marché boursier une participation additionnelle de 2,7 pour cent, de sorte qu'elle détient actuellement 96,7 pour cent des actions de SFR.

Couche-Tard prévoit acquérir les 3,3 pour cent restants au cours de l'été en procédant notamment à l'«évincement» des actionnaires minoritaires.

Mais comme il contrôle déjà SFR, le détaillant québécois peut d'ores et déjà consolider les résultats financiers de l'entreprise norvégienne aux siens, ce qui fera bondir ses profits au prochain trimestre. Pour ce qui est de la clôture officielle de la transaction, elle devrait avoir lieu avant la fin de l'été.

Alain Bouchard, qui combat la campagne de syndicalisation lancée dans certains dépanneurs Couche-Tard du Québec, a d'autre part assuré jeudi qu'il ne voyait aucun problème à travailler avec les syndicats représentant les employés de SFR.

«Ici (en Scandinavie), c'est la règle pour tous les détaillants (d'avoir des syndicats), a-t-il fait remarquer. (...) Si vous êtes seul du lot à suivre une règle, ce n'est pas la même chose.»

L'action de Couche-Tard a clôturé à 44,83 $ jeudi, en baisse de 0,9 pour cent, à la Bourse de Toronto.