Bras de fer entre Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B) et les Norvégiens. L'entreprise lavalloise menace de retirer son offre d'achat pour le détaillant Statoil Fuel&Retail si les actionnaires de ce dernier n'appuient pas rapidement son offre publique d'achat dont l'échéance a été prolongée jusqu'à vendredi de la semaine prochaine, ayant manifestement échoué une deuxième fois à obtenir la participation minimum convoitée de 90%.

Le président et chef de la direction de Couche-Tard, Alain Bouchard, durcit le ton: «Cette extension est cruciale pour conclure cette transaction et nous soulignons le fait que nous approchons de la fin de ce processus.» Jusqu'à la menace: «À ce stade, nous conservons toutes nos options, y compris laisser notre offre expirer.»

M. Bouchard dit comprendre que certains actionnaires tardent à déposer leurs actions tout de suite pour éviter qu'elles soient bloquées ou dans l'espoir que l'offre soit bonifiée. L'entreprise répète toutefois qu'elle n'a pas l'intention d'augmenter son prix de 51,20 couronnes norvégiennes par action, et souligne qu'elle maintient cette prime de 53% «malgré l'accroissement de l'incertitude économique en Europe et la chute importante dans les indices boursiers mondiaux depuis le dépôt de l'offre».

L'entreprise n'a pas précisé le pourcentage d'actions obtenues jusqu'ici en réponse à son offre. Elle avait prolongé son offre une première fois la semaine dernière alors que seulement 66,7% des actions lui avaient été tendues, selon un rapport de la Bourse d'Oslo, un pourcentage étonnamment faible étant donné que le bloc de contrôle de 54% détenu par le gouvernement norvégien lui est acquis depuis le début de l'opération.

Cela implique que seulement 38 millions des 138 millions d'actions détenues par le public lui avaient alors été tendues.

Les actionnaires d'Alimentation Couche-Tard semblent craindre la défaite alors que ceux du détaillant norvégien Statoil Fuel&Retail montrent peu de conviction en leur victoire.

Les actions de Statoil oscillaient entre 50,75 et 51,25 couronnes dans un marché baissier à la Bourse d'Oslo, hier, révélant quelques attentes, mais peu ambitieuses ni soutenues, quant à une surenchère. Pour sa part, Couche-Tard perdait jusqu'à 78 cents en matinée hier, avant de remonter à 40,42$ en clôture, en baisse légère de 19 cents dans un marché par contre haussier, à la Bourse de Toronto.

L'analyste Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins, croit peut probable l'apparition d'un autre acquéreur, pas plus que de voir Couche-Tard augmenter sa mise.

«Le succès de la croissance soutenue de Couche-Tard depuis 30 ans repose sur sa discipline d'acquisition», note-t-il soulignant que c'est ainsi que l'entreprise peut financer entièrement l'opération auprès des grandes banques à un taux «très attrayant». Selon lui, l'opération publique d'achat a 25% de risque d'achopper. L'analyste a porté le titre sur sa liste d'achat, vendredi, après avoir revu son prix cible de 42 à 47$. Statoil pourrait apporter 85 cents au bénéfice par action de Couche-Tard, estime-t-il.

Pour sa part, Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, renonce à évaluer la probabilité de voir la transaction complétée et à quel prix, faute d'information sur la quantité d'actions tendues à ce jour. Il note que Couche-Tard peut encore étendre la période d'acceptation jusqu'au 28 juin.

Alimentation Couche-Tard, après s'être cassé les dents aux États-Unis dans une opération publique d'achat hostile sur la chaîne Casey's, a lancé ses filets sur la chaîne scandinave Statoil, il y a sept semaines maintenant. La transaction de 2,8 milliards US pourrait transformer le détaillant québécois en géant mondial du dépanneur. Statoil exploite 2300 dépanneurs dans les pays scandinaves, dans les pays baltes et en Pologne. Cela porterait à plus de 8400 le nombre de dépanneurs exploités par les différentes bannières de Couche-Tard.