Couche-Tard agit différemment selon qu'il ferme pour de bon un dépanneur syndiqué ou non syndiqué.

Hier (mercredi), devant la Commission des relations du travail qui entend les plaintes déposées à l'endroit de la chaîne de dépanneurs, une employé licenciée est venue témoigner de son expérience de préposée à la caisse chez Couche-Tard.

Robin Maranda Jean a connu deux genres de fermeture de dépanneur en tant que préposée à la caisse chez Couche-Tard [[|ticker sym='t.atd.b'|]]. La première, en novembre 2006, ordonnée et planifiée; la seconde, le 6 avril 2011, soudaine et sauvage.

Mme Maranda Jean, 25 ans, garde un mauvais souvenir de cette journée d'avril 2011. À 23h30, pendant qu'elle travaille à la caisse du dépanneur, coin Saint-Denis et Beaubien, la coordonnatrice de district, Kim Tremblay, et la directrice des opérations de Couche-Tard, Martyne Lafond, franchissent la porte d'entrée. Deux hommes, que Robin ne connaît pas, restent à l'extérieur et empêchent les clients d'entrer.

- «Robin prend tes affaires, tu peux entrer chez toi, on ferme», lui explique sa coordonnatrice, Kim Tremblay. L'employé croit qu'elle vient de se faire renvoyer.

- «Pourquoi?», s'informe-t-elle.

- «Quand un magasin ne fait pas d'argent, on le ferme», lui répond sèchement Martyne Lafond.

Robin Maranda s'exécute et sort par la porte arrière, encore sous le choc. La scène a duré cinq minutes tout au plus. «On n'était pas au courant, rien ne nous avait été dit, a raconté hier Mme Jean, 25 ans, devant la Commission des relations du travail (CRT) où elle était appelée à témoigner mercredi. Il n'y avait pas de transfert d'employés. Je ne comprenais pas pourquoi Couche-Tard fermait le dépanneur, surtout qu'elle venait de rénover le comptoir à café, qu'elle l'avait agrandi.» Couche-Tard lui a confirmé la fin de son lien d'emploi par lettre et a versé 8 semaines d'indemnités.

La Commission doit décider de trois plaintes déposées par le syndicat affilié à la CSN à l'endroit de Couche-Tard et de son patron Alain Bouchard pour entrave et intimidation liée à la formation d'un syndicat.

Ces plaintes font référence à une vidéo interne dans laquelle M. Bouchard mettait ses employés en garde des conséquences négatives de la syndicalisation. Les autres plaintes portent sur la fermeture des deux dépanneurs syndiqués, dont celui où travaillait Robin Maranda, rue Saint-Denis.

Le plaignant avance que ces fermetures ont été motivées par des sentiments antisyndicaux. L'employeur rétorque que la non-rentabilité des dépanneurs est la cause de leur fermeture. Le commissaire Alain Turcotte aura à trancher.

Une autre façon de procéder

Ce n'était pas la première fois que Robin Maranda vivait une fermeture d'un dépanneur Couche-Tard. En novembre 2006, elle travaillait comme proposée senior au moment de la fermeture du dépanneur du boulevard Saint-Laurent, au coin Bellechasse, qui n'était pas rentable.

«À la fin mai ou au début de juin, la fermeture a été confirmée», a expliqué Robin Maranda au commissaire. Tout avait été planifié. Le gérant avait averti Mme Maranda de diminuer les commandes un bon mois avant la fermeture, puis de cesser les achats complètement 15 jours plus tard. La plupart des employés, dont Robin, ont pu être transférés chez d'autres Couche-Tard. La journée de la fermeture, on lui a demandé de participer au déménagement. «J'ai aidé à paqueter le truck de 8h à 11h», a-t-elle précisé.

Par ce témoignage, la partie syndicale veut prouver qu'il existe deux types de fermetures d'établissement chez Couche-Tard, une fermeture planifiée pour les dépanneurs non syndiqués et une fermeture surprise pour les établissements syndiqués.

La partie patronale entend donner sa version des faits quand elle appellera à la barre ses propres témoins. Les audiences devant la CRT se poursuivent aujourd'hui.