Si la fin abrupte de la saison du Canadien sème le désarroi dans les nombreux commerces et entreprises qui profitent de la manne des séries, d'autres espèrent trouver leur compte dans les malheurs de l'équipe.

«C'est sûr qu'il y en a qui vont perdre au change, mais ce ne sera pas une catastrophe économique. L'argent sera réinvesti ailleurs», note l'économiste Michel Poitevin, de l'Université de Montréal.

Un argument qui laisse de marbre les propriétaires des bars et des restos qui font leur pain et leur beurre avec le CH. «Ça nuit à notre business. C'est toujours plein pendant les séries. Les gens viennent en groupe, ils restent longtemps et passent de grosses commandes» dit le gérant du Peel Pub situé dans la rue du même nom, tout près du Centre Bell.

Dans les Cages aux Sports, on fait une croix sur des centaines de milliers de dollars. Déjà l'an dernier, alors que l'équipe n'a accompli qu'un tour des séries comparativement à trois en 2010, la société Sportscene qui exploite la chaîne a vu son bénéfice net fondre de 300 000$. Dans son rapport annuel, l'entreprise blâme «un environnement sportif moins porteur qu'en 2010, particulièrement dans le domaine du hockey».

Pendant que certains se rongent les sangs, d'autres croisent les doigts pour que les amateurs de hockey désabusés se défoulent chez eux. C'est le cas chez Cineplex. «Nous sommes déçus que le Canadien ne participe pas aux séries, mais il pourrait y avoir un avantage pour notre entreprise, croit Daniel Séguin. La majorité des partisans auront besoin d'un nouveau mode d'évasion.»

Même son de cloche à l'Orchestre Symphonique de Montréal. Même si elle ne veut pas se réjouir du malheur du Tricolore, la directrice des relations publiques, Véronique Boileau, y voit un avantage. «Vu la situation, les partisans feront peut-être d'autres choix.» Déjà, elle remarque un véritable intérêt pour les abonnements de l'an prochain. «Est-ce que c'est à cause du Canadien? Peut-être un peu...»

Même au Centre Bell, domicile du CH, l'élimination de l'équipe pourrait avoir du bon. Maintenant que la glace est libre, le promoteur evenko n'exclut pas d'y présenter plus de spectacles que prévu. «Si un artiste annonce une tournée à la dernière minute, c'est possible qu'on l'accueille, dit la porte-parole, Christine Montreuil. Ça reste toutefois peu probable. Les artistes décident généralement ces choses-là plusieurs mois à l'avance.»

- Avec la collaboration de Vincent Brousseau-Pouliot