Le numéro un mondial de la distribution, l'américain Walmart (WMT), a remporté la bataille engagée en Afrique du Sud par trois ministères qui tentaient de bloquer le rachat du groupe local Massmart, et ont été déboutés vendredi par la Cour d'appel de la concurrence.

La Cour, qui siège au Cap, a tout au plus exigé que trois experts soient rapidement désignés pour mesurer quels bénéfices les PME locales pourraient tirer de cette opération, alors que les supermarchés sud-africains vendent déjà beaucoup de marchandises importées, sauf pour l'alimentation.

«La Cour a admis que, bien que la fusion doive être approuvée, les inquiétudes au sujet de son impact sur les petits producteurs et leurs emplois étaient légitimes», a-t-elle noté dans un communiqué.

La décision de la Cour était très attendue dans cette affaire qui a pris une tournure politique tant l'opposition à l'arrivée du groupe américain reste vive dans les rangs syndicaux et d'une partie de l'ANC au pouvoir.

Dans un communiqué, Alliance démocratique (DA), le principal parti d'opposition, a salué la décision de la Cour, qui selon elle envoie le bon signal à l'étranger en montrant que «la porte est ouverte pour des investissements étrangers massifs»

Pour la DA, le recours tardif intenté par les ministères du Commerce, du Développement économique et de l'Agriculture, a servi uniquement des buts politiciens et coûté de l'argent pour rien.

Le gouvernement a salué le caractère «innovant» de la décision prise par la Cour tout en minimisant la portée.

«On a beaucoup agité le chiffon rouge dans cette histoire et tenté d'y voir une décision généralisable aux investissements étrangers. Ce n'est pas correct, c'est malhonnête. (...) Nous ne voyons pas d'un oeil négatif l'investissement de l'étranger», a déclaré le ministre du Commerce et de l'Industrie Rob Davies.

Le géant américain avait été autorisé en mai 2011 à prendre le contrôle de 51% de Massmart qui possède notamment les enseignes Game, Makro ou Builders Warehouse en Afrique du Sud

L'opération lui permet de s'implanter pour la première fois en Afrique, continent en croissance démographique et en plein essor consumériste, et où Massmart possède 330 magasins dans 12 pays.

Mais c'était sans compter l'hostilité suscitée par la réputation négative du groupe en matière de respect droits syndicaux.

Face aux inquiétudes, Walmart a dû s'engager à ne pas licencier de personnel pendant deux ans pour des motifs liés à la fusion, à respecter les droits «de négociation collective» de ses employés et à investir pour soutenir les producteurs locaux.

Si elle n'a finalement pas bloqué une opération qui avait déjà été finalisée fin juin, la Cour d'appel de la concurrence a estimé que les entreprises avaient fourni «des détails insuffisants» sur les 100 millions de rands que Walmart s'est engagé à investir dans le soutien aux producteurs locaux.

Dans son arrêt, la Cour a jugé qu'il était dans l'intérêt général d'en savoir plus, et décidé de donner trois mois aux experts pour livrer leur étude, se réservant le droit par la suite d'imposer des conditions sur l'usage de ces fonds.

La Cour a aussi décidé la réintégration de quelque 503 salariés, manifestement licenciés par Massmart juste avant le rachat.