L'épicier Metro (T.MRU.A) a déclaré un bénéfice net de 103,7 millions de dollars, en hausse de 8,6% au premier trimestre de son année financière, clos le 17 décembre 2011. Les résultats trimestriels ont été dévoilés à l'assemblée annuelle des actionnaires, qui a été marquée par une intervention du «Robin des banques», Yves Michaud, sur l'absence d'un accent aigu dans la raison sociale de Metro.

Le profit par action s'élève à 1,01$, soit mieux que les 97 cents que prévoyaient les analystes. Les ventes atteignent 2711,7 millions, en progression de 3,4% par rapport à l'an dernier.

«Dans notre business, la stratégie est assez semblable entre les différents acteurs. C'est l'exécution qui est la clé. Chez Metro, l'exécution est bonne, bon an, mal an», a dit Éric La Flèche, président et chef de la direction, en conférence de presse après l'assemblée.

La croissance est venue des stratégies internes comme le programme fraîcheur qui met en vedette les fruits et légumes frais en magasin et le programme de fidélité Metro et moi, lancé à la fin de 2010 et qui compte plus d'un million de membres.

Beaux profits chez Adonis

L'acquisition des marchés Adonis et du grossiste Produits Phoenicia a aussi porté ses fruits. Pour huit semaines pendant le trimestre, Adonis a contribué pour 33 millions de dollars aux ventes de Metro et 2,1 millions aux profits.

Le 23 octobre 2011, Metro a acquis 55% d'Adonis pour 157,3 millions. La marge bénéficiaire nette d'Adonis s'élève à 6,4% pendant ces huit semaines. En comparaison, Metro a une marge de 3,8%. La direction d'Adonis doit représenter un plan de croissance à son actionnaire majoritaire dans le courant de 2012. Metro a répété sa volonté d'ouvrir des Adonis au Québec et en Ontario.

Metro a aussi annoncé la construction d'un nouvel entrepôt de fruits et légumes et de produits laitiers carrés de 50 millions à Laval, près du pont à péage de l'autoroute 25. En 2013, il remplacera l'ancien entrepôt Steinberg de la rue Hochelaga, dans l'est de Montréal. Les quelque 300 employés seront mutés à Laval et il y aura création de postes, a soutenu la direction au cours du point de presse.

Auparavant, l'assemblée a voté la fin des actions avec droit de vote multiple chez Metro. Les actions de catégorie B, donnant 16 droits de vote et réservées aux marchands actionnaires ont été remplacées par des actions ordinaires, donnant un droit de vote, sur la base un pour un. En contrepartie, les marchands actionnaires sont devenus des marchands affiliés, un statut qui leur procure des avantages financiers.

La disparition des actions avec droit de vote multiple est une autre illustration de la perte d'influence des marchands actionnaires. La Cour supérieure a rejeté leur requête de 2003 contre la direction dans un jugement le 17 mai 2011 qui n'a pas été porté en appel. En 1985, Metro était un grossiste détenu presque à 100% par les marchands actionnaires qui monopolisaient alors les 13 postes au conseil d'administration. Il reste aujourd'hui un seul marchand au conseil. Les marchands actionnaires sont toutefois millionnaires.

Une question d'accent

L'assemblée a connu une longue période de questions, animée par Yves Michaud. Il a d'abord demandé au président exécutif du conseil, Pierre H. Lessard, de considérer la réintroduction de l'accent aigu sur la bannière Metro au Québec. «Metro n'existe pas en français. C'est un mot anglais», a-t-il dit. M. Michaud a déposé une plainte à l'Office québécois de la langue française à ce sujet.

M. La Flèche a répondu que METRO, en majuscules et sans accent, est une marque de commerce enregistrée depuis des décennies. Metro dit se conformer à la loi 101.

Par ailleurs, M. Michaud a proposé un amendement à la proposition de modifications aux statuts de Metro concernant le lieu de l'assemblée des actionnaires. Metro, comme CGI et Cogeco, ajuste ses statuts pour se donner la possibilité de tenir l'assemblée hors Québec comme le permet la nouvelle loi sur les sociétés par actions. M. Michaud demandait à ce qu'on ajoute, «là où le nombre d'actionnaires le justifie». Son amendement a été battu lors d'un vote à main levée.

Ensuite, Yves Michaud a critiqué la rémunération de M. La Flèche. Le patron de Metro reçoit environ 65 fois le salaire moyen des employés estimé à 50 000$. Il a aussi déploré la générosité de la rémunération versée aux administrateurs. Ceux-ci gagnent en moyenne 103 272$, selon ses calculs.

Finalement, l'octogénaire a demandé à la direction de faire une plus grande place aux femmes au conseil d'administration. On trouve 2 femmes sur 14 personnes. Russell Goodman remplace Christian Paupe au conseil cette année.

Metro a annoncé une hausse du dividende de près de 12%, à 0,215% par action. Le titre a bien réagi en Bourse en gagnant 3%, ou 1,58$, clôturant à 54,74$, nouveau sommet des 52 dernières semaines.