Le groupe des pharmacies Jean Coutu (T.PJC.A) cherche des occasions d'acquisitions au Canada anglais afin de s'y implanter pour de bon, au-delà de ses quelques établissements actuels en Ontario et au Nouveau-Brunswick.

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«On ne peut plus faire cette expansion comme au Québec, en ouvrant des pharmacies une par une. Toute expansion en Ontario ou dans l'Ouest devra se faire par acquisition de plusieurs pharmacies», a indiqué Jean Coutu, président du conseil, au cours de l'assemblée des actionnaires au siège social du détaillant, hier à Longueuil.

«Ça pourrait se faire par l'acquisition de pharmacies indépendantes ou de petites chaînes», a renchéri son fils François Jean, président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu (PJC).

Quant au moment et au coût de telles acquisitions, François J. Coutu a préféré s'en tenir à un contexte de marché redevenu plus favorable aux acheteurs.

Selon lui, ce changement découle de l'impact des baisses de prix des médicaments génériques qui ont été décrétées par les gouvernements provinciaux, dont l'Ontario et le Québec.

«Ces baisses de prix pourraient augmenter la pression de vendre auprès de certains détaillants en pharmacie, particulièrement ceux qui manquent de relève», a-t-il expliqué.

En point de presse subséquent, Jean Coutu a indiqué que, si de bonnes occasions d'achat se présentaient, le détaillant serait même prêt à «prendre un peu de dette» pour les réaliser.

Aussi, le fondateur de PJC souhaite corriger ce qu'il admet d'emblée avoir été l'une de ses pires erreurs en affaires: avoir laissé tomber en 1995 l'achat de la chaîne de 135 pharmacies Big V en Ontario.

«Nous aurions 400 magasins en Ontario aujourd'hui», avait d'ailleurs indiqué M. Coutu à La Presse Affaires lors du lancement de son autobiographie, en novembre dernier.

Mais hier, Jean Coutu et son fils François Jean se sont gardés de mentionner un quelconque objectif chiffré et daté pour leur recherche d'acquisitions hors du Québec.

«Même si nous avons les moyens financiers et les compétences pour le faire, nous ne ferons pas des acquisitions pour le plaisir d'en faire», a souligné Jean Coutu.

D'autant que, dans son marché principal au Québec, PJC doit poursuivre ses investissements d'expansion.

D'abord en rénovations et en ouvertures de pharmacies dans des marchés locaux encoure sous-exploités.

Mais aussi, ont acquiescé les Coutu père et fils à une question d'actionnaire, tenter d'ajouter des «services connexes» aux pharmacies, en particulier pour le marché grandissant des aînés en déclin d'autonomie.

À cet égard, Jean Coutu, lui-même octogénaire actif, a fait état de partenariats possibles de PJC avec des fournisseurs de services spécialisés qui pourraient ensuite être offerts aux aînés.

«Il s'agit d'une clientèle que nous avons tendance à perdre lorsqu'ils s'en vont en résidence. Nous voulons mieux structurer l'offre de services dans certaines pharmacies pour mieux servir ce marché», a précisé François J. Coutu.

Résultats financiers

Entre-temps, au point de vue financier, PJC a divulgué hier des résultats trimestriels qui suggèrent qu'il se tire d'affaire plutôt bien malgré la déflation forcée par les provinces dans l'important marché des médicaments génériques.

Au trimestre terminé le 28 mai, PJC a même dépassé un peu les attentes des analystes en augmentant son bénéfice net de 13%, à 49,9 millions de dollars, ou 22 cents par action.

Cette hausse de profit est survenue malgré une hausse des revenus totaux d'à peine 2%, à 660,6 millions, durant le trimestre.

Et en excluant les ajouts de superficies commerciales, la hausse des ventes des magasins comparables (ouverts depuis plus d'un an) était encore plus mince: à peine 0,9% comparativement à 2,9% au cours du trimestre correspondant un an plus tôt.

Par ailleurs, PJC a confirmé hier la revente éventuelle de quelque 25 millions, ou 10% des 251 millions d'actions du détaillant américain Rite-Aid qu'il détient depuis des années.

Cette revente devrait rapporter environ 30 millions, un gain que PJC entend utiliser dans le rachat de ses propres actions. Ce rachat, annoncé au début de mai, pourrait impliquer jusqu'à 10,4 millions, ou 10% des titres de PJC détenus par les actionnaires non initiés.

En Bourse, hier, les investisseurs en actions de PJC ont réagi positivement à ces annonces.

«Ça renforce notre opinion que PJC est notre détaillant favori en pharmacie au Canada», a résumé l'analyste Candice Williams, de la firme indépendante Canaccord Genuity.

Les actions de PJC ont sursauté de 2,6% après ses annonces avant de clôturer en hausse moins prononcée de 1,7%, à 11,35$.

Toutefois, cette cote demeure inférieure au sommet en un an de 11,55$ l'action, atteint à la fin mai.

Et de loin inférieure au sommet en 10 ans de 21,80$ l'action, qui remonte en septembre 2005.