La congestion des ponts et des grands axes routiers commence déjà à faire souffrir certains commerces de Montréal. Si bien que des regroupements de marchands réclament un coup de pouce de la Ville et des gouvernements supérieurs.

Du soleil, de la chaleur, la fête des Pères, tout était réuni pour que les restaurants «apportez votre vin» de la rue Duluth connaissent un week-end du tonnerre. Ce fut exactement l'inverse. Samedi soir, plusieurs tables étaient libres au restaurant Lombardi, situé au coin de la rue Saint-Denis.

Le cuisinier de l'établissement, Alex Malawi, estime que la clientèle s'érode graduellement depuis environ huit ans. Mais les problèmes de circulation observés dans les dernières semaines ont empiré la situation. «Il y a des obstacles partout, déplore-t-il. Les rues sont fermées. Il y a des détours et, lorsqu'on s'approche des chantiers, il n'y a personne qui travaille. Même mon patron est arrivé en retard!»

Changement d'habitudes

Le week-end n'a guère été plus lucratif de l'autre côté de la rue, au restaurant Eduardo. En fait, c'est le même son de cloche dans presque tous les restaurants du secteur que La Presse Affaires a joints hier.

«On parle avec des clients et ils nous disent qu'ils ont mis une heure pour venir, déplore Jeff Mota, chef au Eduardo. Ils viennent parce qu'ils aiment le quartier, mais ils vont commencer à se demander s'ils ne devraient pas rester chez eux.»

La fermeture partielle du pont Mercier, les travaux au pont Champlain et à l'échangeur Turcot, sans compter les nombreux chantiers d'infrastructures un peu partout dans la ville de Montréal, tout cela nuit au commerce, affirment les gens d'affaires montréalais interviewés hier. Et la fermeture du pont Jacques-Cartier en raison de l'International des feux d'artifice, ce samedi, ne fera rien pour aider.

La Société de développement commercial (SDC) Destination centre-ville, qui regroupe 8000 commerces, estime qu'il est trop tôt pour mesurer l'impact de la congestion routière sur le chiffre d'affaires de ses membres. Son directeur général, André Poulin, estime que les effets des nombreux chantiers se feront davantage sentir à moyen et à long terme.

«Les consommateurs développent de nouvelles habitudes lorsqu'ils sont pris dans des situations comme celle-là, explique M. Poulin. Les consommateurs qui auront changé leurs habitudes, qui auront découvert de nouveaux fournisseurs, ça va être très difficile de les rattraper.»

De l'aide demandée

La situation le préoccupe d'autant plus que la hausse du coût des parcomètres et la diminution du nombre de places de stationnement nuisent déjà au commerce sur rue à Montréal.

«Il faudrait inciter la Ville et les gouvernements supérieurs à faire des campagnes de promotion pour toucher cette perception des gens de la périphérie sur ces problèmes, dit-il. C'est en grande partie un problème de perception. En ce moment, on a un problème particulier, mais la perception va rester une fois les chantiers terminés.»

Les problèmes de congestion sont une «situation exceptionnelle», convient-on au bureau du responsable du développement économique de l'administration Tremblay, Richard Deschamps. Celui-ci présentera d'ici quelques jours des mesures pour améliorer la circulation à Montréal, a indiqué son attachée de presse, Martine Painchaud.

«On va essayer de suspendre temporairement certains chantiers, on va essayer d'en accélérer d'autres et d'en remettre d'autres qui ne sont pas commencés à plus tard», a-t-elle expliqué.

Mais pour l'heure, la Ville n'entend pas lancer un nouveau programme d'aide pour les commerçants.