Malgré la résistance de certains marchands, la rue Sainte-Catherine a été restituée aux piétons pour le reste de l'été dans le Village gai, au cours des derniers jours. Un événement annuel qui est en voie de changer le visage commercial de ce secteur.

C'est la quatrième année que la rue est transformée en un vaste trottoir, un projet qui a permis d'attirer de nouveaux clients et de nouveaux commerces, selon ses promoteurs.

De plus, les passants l'auront remarqué: Sainte-Catherine arbore un tout nouveau look depuis quelques jours. Des ouvriers ont suspendu 170 000 boules roses par-dessus la rue entre Berri et Papineau, une création de l'architecte Claude Cormier. Les piétons peuvent donc déambuler sous un plafond rose en plein milieu de l'artère commerciale, les voitures étant bannies jusqu'en septembre.

L'oeuvre a coûté 600 000$, une facture acquittée en partie par les marchands. C'est que les effets commerciaux de la piétonnisation sont bien réels, constate le directeur de la société de développement commercial (SDC) du Village, Bernard Plante.

«Ça amène une clientèle qui ne venait pas dans le secteur ici», résume-t-il.

Plusieurs membres de la communauté gaie avaient déserté le Village, associé aux bars et à la drague, poursuit-il. Attirés de nouveau par la rue piétonne, ils y découvrent aujourd'hui une foule de nouveaux commerces, cafés et terrasses.

«Ça permet aussi à une clientèle plus large de venir», indique M. Plante.

Steven Furtado peut en témoigner. Il est copropriétaire du restaurant Cora, coin Sainte-Catherine et Saint-Timothée. Lorsque le soleil est au rendez-vous, sa terrasse est bondée. Et pas seulement avec sa clientèle traditionnelle. Il estime qu'au moins la moitié des personnes qui fréquentent son restaurant sont straight, ce qui aurait été impensable il y a quelques années à peine.

«Je me rappelle que c'était vraiment intensivement gai dans le quartier, relate le restaurateur. C'était beaucoup plus wild, les gens étaient beaucoup plus excentriques. Maintenant, j'ai un peu de tout le monde.»

Avec les nouveaux clients viennent les nouveaux commerces. Le taux d'inoccupation dans les commerces de Sainte-Catherine était de 15% en janvier, et de 9% au début du mois de mai, selon la SDC. M. Plante estime que le taux aura chuté à 7% d'ici la fin de l'été.

Le visage des commerces change lui aussi. Les cafés et les terrasses s'établissent dans des locaux laissés vacants par d'anciennes quincailleries ou clubs vidéo.

«Sainte-Catherine est en train de développer une spécialisation dans la gastronomie, la restauration et le divertissement, constate le conseiller municipal Sammy Forcillo, qui habite non loin de l'artère. Les commerces qu'on appelle communément les commerces de proximité, on pourrait les retrouver dans la rue Saint-Hubert ou à la Place Dupuis.»