La Confédération des syndicats nationaux a indiqué mercredi que la Commission des relations du travail a accrédité un syndicat CSN pour représenter les travailleurs du dépanneur Couche-Tard situé à l'angle des rues Jean-Talon et d'Iberville, à Montréal.

«Il s'agit du premier dépanneur syndiqué au Québec et du premier Couche-Tard syndiqué également au Québec», a lancé le président de la Fédération du commerce de la CSN, Jean Lortie, visiblement heureux de cette percée.

Du côté patronal, une porte-parole de Couche-Tard a indiqué que la direction n'avait aucun commentaire à formuler pour le moment.

La négociation d'un premier contrat de travail chez Couche-Tard peut donc commencer. Dès mardi soir, d'ailleurs, la dizaine de syndiqués a tenu sa première assemblée afin d'établir une stratégie de négociation.

Selon la CSN, ces travailleurs sont tous payés au salaire minimum, n'ont droit à aucun régime d'assurance, pas plus qu'à des congés de maladie payés ou à un régime de retraite collectif. Plusieurs d'entre eux n'ont pas d'horaire de travail stable.

L'employeur peut certainement faire mieux, affirme M. Lortie. «C'est une business de 12 milliards de dollars. Ce n'est pas le dépanneur du coin qui appartient à un individu. C'est une corporation assez costaude qui a les moyens d'offrir des meilleures conditions de travail que celles qui existent actuellement.»

Les propos de M. Lortie laissent toutefois croire que l'entreprise est réfractaire à la campagne. «La réaction de l'employeur a été une réaction de surprise, d'étonnement et à certains égards de panique. Dans les jours qui ont suivi (le dépôt de la demande d'accréditation), il y a eu dans plusieurs dépanneurs où on était en démarche des réactions assez vives, des gérants convoqués à des rencontres, la surveillance des employés. L'employeur s'est mis en mode panique; ils ne l'avaient pas vu venir et depuis ce temps, ils sont très vigilants.»

M. Lortie ajoute que l'entreprise a tenté de bloquer le passage à la centrale en s'adressant au tribunal administratif qui gère les relations de travail. «Ils ont déposé des plaintes à la Commission (des relations du travail) en disant que la CSN n'a pas le droit de faire de la sollicitation dans les dépanneurs. Mais la Commission a été très claire: la CSN a le droit de faire ça. Les tribunaux, jusqu'en Cour suprême, ont reconnu le droit de solliciter des employés pour se syndiquer. Couche-Tard a été débouté.»

La CSN voit dans cette percée un premier pas, alors que la centrale cherche à ouvrir d'autres brèches. «C'est une campagne provinciale que la CSN mène à travers le Québec, et il devrait y avoir d'autres dépôts dans d'autres Couche-Tard dans d'autres régions du Québec qui devraient se faire sous peu», a expliqué Jean Lortie, qui n'a toutefois pas voulu préciser combien de dépanneurs Couche-Tard étaient dans la mire de la CSN.

En novembre 2009, Couche-Tard a fermé un dépanneur de Beloeil, en Montérégie, alors que ses employés tentaient de se syndiquer. Mais la CSN croit que Couche-Tard ne pourra pas prétendre que l'établissement nouvellement syndiqué de Montréal n'est pas rentable parce qu'il est très achalandé, étant situé près d'une station de métro.

Même s'il ne s'attend pas à ce que Couche-Tard tente une manoeuvre aussi extrême, Jean Lortie appelle tout de même la direction de l'entreprise à faire preuve de bonne volonté en permettant aux négociations de débuter rapidement.

L'action de Couche-Tard [[|ticker sym='T.ATD.B'|]] a cédé mercredi 27 cents à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 25,84 $.