Le moulin à rumeurs s'est rapidement emballé hier au lendemain de l'annonce du départ-surprise du PDG de Pharmaprix (T.SC).

La spéculation entourant les raisons du départ et l'impact de cette annonce a alimenté l'incertitude et entraîné la perte de 5% de la valeur boursière sur les marchés.

Le titre de Pharmaprix (Shoppers Drug Mart) a perdu 2$ pour clôturer à 37,19$ hier à la Bourse de Toronto, une réaction qui pourrait être exagérée et avoir créé une occasion.

Pharmaprix a laissé savoir mercredi soir que son conseil d'administration avait accepté la démission de Jürgen Schreiber, qui ira travailler à l'étranger.

Si ce départ est une surprise, ce n'est pas vraiment surprenant de voir M. Schreiber délaisser son emploi actuel pour retourner à l'étranger. Avant d'entrer chez Pharmaprix, il y a quatre ans, il avait travaillé pendant une vingtaine d'années en Europe et en Asie. Il a aussi fait ses études universitaires en Allemagne.

«Le moment est inopportun, compte tenu des pressions auxquelles l'entreprise va faire face au cours des prochaines années avec la réforme du médicament en Ontario et au Québec. Sous son leadership, Pharmaprix a pris des mesures pour atténuer l'impact négatif de la réforme. Son départ va créer de l'incertitude en ce qui concerne la capacité à implanter de manière efficace les mesures», affirme Peter Sklar, de la BMO.

«Jürgen Schreiber a reçu des options en 2006 au prix d'exercice de 46,32$. Nous présumons qu'il croit que son nouvel emploi lui offre un meilleur revenu. Sa rémunération annuelle chez Pharmaprix en 2009 s'est élevée à un peu moins de 9 millions de dollars. Je m'attends maintenant à ce que John Lederer, l'ex-président de Loblaw, soit un candidat pour diriger Pharmaprix», commente Keith Howlett, de Desjardins Valeurs Mobilières.

Plusieurs investisseurs ont acheté des actions parce qu'ils avaient confiance en Jürgen Schreiber, souligne quant à lui Vishal Shreedhar, chez UBS. «Nous pouvons comprendre les craintes, mais nous pensons qu'ultimement, c'est la performance de l'entreprise qui va avoir un impact sur le titre en Bourse», ajoute celui qui continue de recommander l'achat du titre.

La Financière Banque Nationale a retiré sa recommandation d'achat (outperform) hier en réaction à la nouvelle. «Il ne faut pas voir cette annonce comme un indicateur qui laisse présager une faiblesse dans la performance de l'entreprise. Nous pensons cependant qu'il est prudent et nécessaire de réduire notre cible et de changer notre recommandation d'ici à ce que la question du leadership chez Pharmaprix soit réglée», indique l'analyste James Durran.

«M. Schreiber était très apprécié par la communauté financière. Toutefois, sa relation avec le plus gros client de la province de l'Ontario (le gouvernement) a souffert pendant la réforme du prix des médicaments. La compagnie avait donc peut-être besoin d'un nouveau visage. Malheureusement pour Pharmaprix, cette annonce survient alors que la compagnie effectue plusieurs changements dans l'entreprise», note Candice Williams, chez Canaccord/Genuity.

La situation sera clarifiée bientôt. Pharmaprix publiera ses résultats trimestriels dans moins de deux semaines, le 10 février. Un appel conférence avec les analystes se tiendra cette journée-là. Jürgen Schreiber quittera officiellement l'entreprise cinq jours plus tard.

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