Les travailleurs d'un dépanneur Couche-Tard (T.ATD.B) de Montréal sont devenus les premiers de cette chaîne à se doter d'un syndicat. Et la CSN, à laquelle ils s'affilient, affirme que d'autres succursales emboîteront le pas sous peu.

La douzaine d'employés du dépanneur, situé au coin des rues Jean-Talon et d'Iberville, sont les premiers au Québec à avoir présenté une demande d'accréditation syndicale auprès de la Commission des relations de travail (CRT). Lorsque cet organisme avalisera la requête, ils pourront négocier une convention collective avec leur employeur.

Luis Donis, employé du dépanneur depuis cinq ans, est celui qui a entrepris les démarches pour former une association. Il dit avoir été braqué au cours d'un cambriolage et il affirme que certains collègues ont été poignardés dans des circonstances similaires.

Selon lui, des travailleurs ont maintes fois demandé à la direction de Couche-Tard de renforcer la sécurité dans l'établissement, mais la direction est restée sourde face à leurs doléances.

Il dénonce aussi des salaires insuffisants et des horaires imprévisibles.

«On a fait des demandes, et on n'a pas été écoutés, a déploré M. Donis. Après tant de temps et de demandes, on est arrivés au point où assez, c'est assez.»

L'entreprise mènera ce matin une vérification interne au sujet des affirmations de M. Donis, a indiqué sa porte-parole, Denise Deveau. On compte notamment rencontrer ses supérieurs pour valider ses propos.

Quant à la demande d'accréditation comme telle, «Couche-Tard procède à ses propres vérifications, on étudie la requête qui a été déposée», a indiqué Mme Deveau, sans commenter davantage.

Un premier pas

La CSN affirme que cette demande d'accréditation n'est qu'un premier pas. Elle a constitué des équipes qui sollicitent depuis «quelque temps» des travailleurs d'Alimentation Couche-Tard dans le but de les convaincre de se joindre à elle.

Le président de la Fédération du commerce de la centrale, Jean Lortie, s'attend à ce que d'autres syndicats se forment «dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines».

Si la CSN a ciblé ce fleuron du Québec inc., c'est qu'elle estime que la société a amplement les moyens d'améliorer les conditions de travail de ses employés, dont la plupart gagnent le salaire minimum et n'ont droit à aucune assurance collective.

L'entreprise, souligne M. Lortie, exploite 550 dépanneurs au Québec, 5800 dans le monde, et son chiffre d'affaires annuel est de 15,8 milliards de dollars.

«Toutes les conditions sont réunies pour que ces gens aient des conditions de travail qui reflètent la capacité de l'employeur de payer», a affirmé M. Lortie.

Fermeture

En novembre 2009, Couche-Tard a fermé une succursale de Saint-Mathieu-de-Beloeil dont les travailleurs étaient en voie de s'associer. Mais contrairement à ceux de la rue Jean-Talon, ils n'avaient pas présenté une demande d'accréditation à la CRT, a indiqué la CSN.

À l'époque, la décision a été vivement critiquée par la centrale, qui l'a qualifiée d'antisyndicale. Mais la direction de Couche-Tard a maintenu qu'il s'agissait d'une stricte décision d'affaires, que le magasin n'était pas rentable.

La succursale a rouvert ses portes sous la bannière de Couche-Tard en octobre dernier, moins d'un an après la fermeture.

Au TSX, le titre d'Alimentation Couche-Tard a fermé la séance en hausse de 1,23%, hier, à 27,09$.