Le géant américain de la chimie DuPont a annoncé lundi une offre amicale de rachat pour 6,3 milliards de dollars US (DD) du joyau danois de l'agroalimentaire et des biotechnologies Danisco, l'un des leaders mondiaux sur le créneau prometteur des enzymes industrielles.

L'acquisition de Danisco fera de DuPont le numéro un mondial de l'industrie biotechnologique, selon le fleuron historique de l'industrie américaine.

Danisco a immédiatement annoncé le soutien «unanime» de son conseil d'administration à l'offre publique d'achat (OPA) amicale, soumise au feu vert des actionnaires et des autorités financières danoises.

Conglomérat héritier d'un leader danois du sucre (division vendue en 2008), Danisco produit une vaste gamme de produits agroalimentaires (émulsifiants, colorants, gommes, édulcorants, etc.) et via sa division Genencor, des enzymes industrielles destinés aux biocarburants, à l'agriculture ou encore au textile.

«Nous avons reçu jusqu'à dimanche soir des offres très sérieuses de plusieurs candidats intéressés de par le monde. Mais nous avons jugé que celle de DuPont était la plus attrayante», a déclaré à l'AFP le président de Danisco Joergen Tandrup, en soulignant que les deux sociétés sont déjà partenaires dans les biocarburants.

L'offre de 665 couronnes par action de Dupont offre «une prime de plus de 25%» par rapport au cours de Danisco vendredi dernier, a-t-il souligné.

À la Bourse de Copenhague, le titre a logiquement bondi de 25,5% à 660,50 couronnes.

Selon les termes de l'accord, DuPont doit acquérir plus de 90% des actions pour prendre le contrôle de Danisco, 10% des actionnaires ayant la possibilité de bloquer cette offre de rachat, que Danisco lancera «dès que possible».

«Si DuPont n'obtient pas plus de 90%, il lui appartiendra de gérer ce problème», selon M. Tandrup, qui se dit «confiant» cependant dans le soutien d'une «très large majorité des actionnaires» à cette offre.

Un blocage d'actionnaires minoritaires ou l'apparition d'offres concurrentes sont peu probables, selon Jens Houe Thomsen, analyste de la Jyske Bank

«Je ne pense pas que ce sera le cas. Dupont est déjà le partenaire de Danisco dans le bioéthanol de deuxième génération, et il est difficile de voir d'autres acheteurs pouvant justifier une offre plus élevée», a-t-il dit à l'AFP.

Géant de la chimie et de l'agrochimie, DuPont, qui fabrique la fibre Kevlar, le matériau synthétique non-tissé Tyvek mais aussi le revêtement antiadhésif Teflon, est le leader des semences et des pesticides. Il s'est diversifié dans les biotechnologies en 1999 en rachetant le fabricant de semences Pioneer pour 7,7 milliards de dollars.

La PDG de DuPont, Ellen Kullman, a souligné les «synergies évidentes» de Danisco avec les divisions «Nutrition et Biosciences appliquées» de l'américain.

Mais selon Morten Imsgard, analyste chez Sydbank, DuPont est «surtout intéressé par la division enzymes de Danisco, et cèderait vraisemblablement après ses autres activités, comme les ingrédients alimentaires».

Une hypothèse rejetée par Danisco: «DuPont nous a affirmé que ses activités étaient complémentaires des nôtres et qu'il comptait notamment préserver la division ingrédients qui constitue un pion essentiel dans sa stratégie», a fait valoir M. Tandrup.

DuPont, qui offre 5,8 milliards de dollars en numéraire auxquels s'ajoute le rachat de 500 millions de dette de Danisco, espère boucler l'opération au début du deuxième trimestre, avec un impact positif sur ses résultats dès 2012.

Danisco compte environ 6800 employés pour un chiffre d'affaires annuel de 13,7 milliards de couronnes (2,37 milliards de dollars).