Le Groupe Jean Coutu s'est bien tiré d'affaire l'automne dernier, mais la croissance de la chaîne de pharmacies sera fortement ralentie cette année à cause de la baisse des prix des médicaments génériques décrétée par Québec, dans la foulée d'une réforme initiée par l'Ontario.

Au cours de son troisième trimestre, qui a pris fin le 27 novembre, le détaillant a enregistré des profits nets de 48 millions de dollars (21 cents par action), en hausse de 7,6% par rapport aux 44,6 millions (19 cents par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier.

Les analystes financiers tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 19 cents.

Les revenus du franchiseur ont fléchi de 0,1% pour se chiffrer à 677,3 millions $.

Ceci dit, les ventes au détail des 389 pharmacies Jean Coutu ont progressé de 0,1%, grâce notamment à la croissance de 0,7% des ventes de médicaments sous ordonnance. Par contre, en l'absence de la grippe A (H1N1), les revenus tirés des médicaments en vente libre ont reculé de deux pour cent alors qu'ils avaient bondi de 16% l'an dernier.

«En accélérant le rythme de nos projets d'expansion et en poursuivant l'implantation de notre plan d'affaires, nous avons pu atteindre les objectifs que nous nous étions fixés», s'est félicité vendredi le président et chef de la direction de l'entreprise de Longueuil, François Jean Coutu.

«L'impact (de l'absence de la grippe H1N1) n'a pas été aussi fort que je l'avais anticipé», a-t-il précisé au cours de la téléconférence avec les analystes financiers. Il faut dire que l'apparition plus hâtive de la grippe saisonnière, cette année, a donné un coup de pouce à Jean Coutu.

«La période des Fêtes a été bonne cette année», a en outre indiqué le dirigeant.

Génériques

Les prochains mois s'annoncent toutefois plus difficiles pour le numéro un de la pharmacie au Québec. Depuis le 17 décembre, le prix des médicaments génériques ne peut pas dépasser 37,5% de celui des médicaments d'origine, contre 50% auparavant. Le seuil baissera ensuite à 30% en avril 2011 et à 25% en avril 2012.

Ces réductions nuiront aux revenus de la filiale de fabrication de médicaments génériques de Jean Coutu, Pro Doc.

Jean Coutu prévoit que ses résultats seront affectés par la réforme pendant une période de 12 mois, mais n'a pas chiffré l'ampleur de l'impact.

L'entreprise croit tout de même pouvoir continuer à faire progresser ses revenus au cours des prochains trimestres, mais à un rythme inférieur à celui des dernières années. Elle espère aussi pouvoir négocier avec Québec une hausse de la marge bénéficiaire des grossistes de médicaments, qui vient d'être fixée à six pour cent.

Il faut dire que depuis plusieurs mois, Pro Doc connaît une croissance qui ne se dément pas. Au troisième trimestre, les ventes brutes de la filiale ont augmenté de 56,7%, passant de 26,8 millions l'an dernier à 42 millions  cette année. La marge d'exploitation avant amortissement a grimpé de 10,5 à 11,2%.

Le fabricant tire profit de l'expiration récente de plusieurs brevets de médicaments, qui peuvent désormais être vendus en versions génériques. Les génériques ont représenté 55 pour cent des ordonnances de Jean Coutu au troisième trimestre, contre 51,3 pour cent un an plus tôt.

Comme les génériques sont vendus beaucoup moins chers que les médicaments d'origine, la tendance actuelle a un effet déflationniste sur les ventes au détail des pharmacies. Ainsi, l'arrivée de nouveaux génériques a réduit la croissance des ventes de médicaments de 3,5% chez Jean Coutu au troisième trimestre.

L'expansion continue de son réseau permet à Jean Coutu de contrer ces vents contraires. En 2011, le franchiseur entend cibler les plus petites villes québécoises, où ses pharmacies sont moins présentes, a expliqué François Jean Coutu.

L'entreprise se croise aussi les doigts pour que le récent regain de vie de l'impression des photos numériques - hausse de 3,1% au troisième trimestre - ne soit pas qu'un feu de paille.

Vendredi après-midi, l'action de Jean Coutu s'échangeait à 9,60 $, en baisse de 0,6%, à la Bourse de Toronto.