Oliva De Leon-Gan est plus que ravie de l'étendue du choix offert aux consommateurs depuis l'arrivée de chaînes américaines au Canada.

Pourtant, elle espère encore que l'un des détaillants américains n'ayant toujours pas ouvert de magasin au pays finisse par s'y installer et érige la célèbre cible rouge et blanche qui lui sert de logo.

«J'ai vraiment hâte de voir Target venir ici, si jamais ça arrive», affirme Mme De Leon-Gan, créatrice du blogue The Cheap Girl, qui donne des informations sur les aubaines dans le secteur de la mode, des produits de beauté et du style au Canada. La Torontoise a récemment lancé des sites affiliés pour les États-Unis et le Royaume-Uni.

«Je crois que Target a des produits de bonne qualité. Ils collaborent également avec des designers, et c'est quelque chose qui attire toujours l'attention d'une fashionista comme moi.»

En plus de fréquenter les magasins de l'autre côté de la frontière, Mme De Leon-Gan fait des achats en ligne parce qu'elle peut faire envoyer les articles à des proches qui habitent aux États-Unis, ce qui lui permet d'éviter d'importants frais de livraison.

Mais en ce qui concerne Target, la jeune femme de 28 ans pourrait éventuellement se faire plaisir sans devoir se rendre en direction sud, et ce, peut-être dans un avenir pas si lointain.

L'entreprise de Minneapolis, deuxième plus important détaillant à prix réduits aux États-Unis après Walmart, laisse clairement entendre qu'elle a le Canada dans son viseur.

«Nous croyons que Target a des occasions de croissance à l'extérieur des États-Unis, et dans l'immédiat, nous nous concentrons sur le Canada et Porto Rico», indique Amy Reilly, porte-parole de Target.

«Nous sommes confiants de pouvoir ouvrir nos premiers magasins au Canada d'ici au milieu de la décennie.»

Questionnée quant à savoir combien d'établissements le détaillant prévoit ouvrir à l'échelle internationale, Mme Reilly répond qu'«il est trop tôt» pour livrer ce genre de détails.

Ces dernières années, le Canada a vu de nombreuses entreprises des États-Unis et d'ailleurs dans le monde s'installer au pays, et 2010 n'a pas fait exception.

Victoria's Secret, célèbre détaillant de lingerie fine, a ouvert au Canada ses premiers magasins à l'extérieur des États-Unis, un à Edmonton puis trois autres à Toronto.

L'année qui approche devrait donner lieu à un autre lancement très médiatisé. Selon des informations récemment publiées aux États-Unis, le détaillant américain Marshalls, qui propose à prix avantageux des vêtements de créateurs de mode ou de grandes marques, compte ouvrir ses premières boutiques canadiennes en 2011.

Bruce Cran, président de l'Association des consommateurs du Canada, affirme que son organisation est en faveur de quoi que ce soit qui puisse stimuler la concurrence.

«Je ne dis pas que je veuille nécessairement aller chercher des compagnies à l'extérieur, indique-t-il. Mais si cela crée ou accroît la concurrence et la diversité des magasins que nous avons en ce moment, je ne vois pas comment nous pourrions être perdants en tant que consommateurs.

«C'est le marché: la concurrence est une bonne chose.»

Michael Baratta, du cabinet de vérification KPMG, à Montréal, croit que l'intérêt de plus en plus croissant manifesté par des intérêts étrangers envers le marché canadien tient vraisemblablement à plusieurs facteurs, incluant le succès obtenu par plusieurs détaillants déjà installés au Canada.

Les États-Unis ont également pris bonne note du fait que l'économie canadienne ne dépende plus autant qu'avant de la leur.

«Nous avons ressenti les effets de la récession dans une mesure moindre que nos amis au sud de la frontière», affirme M. Baratta.

«Il en résulte, en particulier pour les détaillants, que si vous souhaitez vous diversifier et minimiser les risques en période de reprise ou de ralentissement, investir au Canada est sans aucun doute une bonne option.»

M. Baratta estime que la croissance de la concurrence est une bonne chose pour les consommateurs, mais aussi pour les détaillants.

Elle permet aux détaillants de peut-être revoir leur stratégie et de faire en sorte qu'ils soient aussi efficaces que possible, dit-il, ajoutant que leur connaissance du marché constitue un avantage.