Le dimanche, Giuseppe Panzera cuisine pour sa famille à qui il sert son propre vin, sa grappa, ses saucisses et son prosciutto «aussi bon que celui de Parme», jure sa fille Kristina. Mais le dimanche, il arrive aussi au président de Ciot de poser lui-même de la céramique dans ses magasins en construction quand l'ouverture annoncée est imminente. Et ce, malgré ses 70 ans et le fait qu'il gère une entreprise d'importation et vente de pierre et céramique de 340 employés.

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Depuis qu'il a pris en 1977 les commandes de Ciot, entreprise que son beau-père a fondée en 1950 boulevard Saint-Laurent, à Montréal, Giuseppe Panzera agit à titre d'employé autant que de dirigeant. Il ne s'enferme pas dans son grand bureau au deuxième étage du siège social de Ciot. Il aime plutôt se rendre là où on procède à l'extraction et à la transformation des marbres, quartz et onyx qu'il importe et vend. «Je fais une dizaine de voyages par an, raconte-t-il. En Italie, mais aussi en Grèce, en Chine et en Inde. Pour voir les carrières et être au fait des tendances.

Pour aller aux foires internationales. D'un bloc à un autre, il y a beaucoup de différences. Il y a l'internet pour voir des photos, mais ce n'est jamais comme être sur place.»

Convaincre les fournisseurs

«En juin, on a amené des architectes de 10 firmes visiter des carrières de pierres et des usines de céramique en Italie, ajoute Kristina Panzera, directrice marketing de Ciot. Voir un bloc tomber d'une montagne n'a pas son pareil. Un tel voyage permet de comprendre comment utiliser la pierre par la suite et de voir toutes les technologies qui entrent dans la fabrication de la céramique, de voir tout le recyclage de l'eau et de la chaleur qui se fait, par exemple.»

Au départ, Giuseppa Panzera a sué pour convaincre des fournisseurs italiens d'exporter leurs marchandises au Canada. Trois décennies plus tard, ses magasins et ateliers Ciot exposent 1000 numéros de céramiques et 400 sortes de pierre qui se détaillent de 1,50$ à 300$ le pied carré.

En 2010, Ciot, qui importe 27 000 tonnes de pierre par an, affirme avoir un chiffre d'affaires de 100 millions, en hausse de 23% depuis un an. «Des projets ont débouché dans le secteur commercial», dit Kristina Panzera pour justifier en partie ce rendement.

En 2010, Ciot a notamment participé à la construction et à l'aménagement du Musée des beaux-arts de Montréal, du Mail Champlain de Brossard, de la tour Trump de Toronto et de l'hôtel Ritz de Toronto. Les projets torontois ont contribué à faire doubler le chiffre d'affaires de l'entreprise en quatre ans.

Agrandissement

Parallèlement, l'entreprise a investi 8 millions dans l'agrandissement de son siège social (22 000 pieds carrés supplémentaires en salle d'exposition, bureaux et places de stationnement), de son usine de Québec et l'ouverture d'une huitième succursale, à Brossard. «Il y avait un besoin sur la Rive-Sud où il y a une importante expansion résidentielle et où il n'y avait pas de magasin de notre gamme», explique Giuseppe Panzera.

L'atelier de Montréal s'apprête à recevoir sa certification ISO. «On a mis beaucoup d'efforts pour l'organiser afin de ne plus avoir de retards, indique Kristina Panzera. Même avec un volume plus grand, on réussit maintenant à produire à temps.»

Ciot commence, par ailleurs, à récolter les fruits d'une percée aux États-Unis. En 2008, l'entreprise a en effet fait un pied de nez à la crise financière en implantant son premier magasin là-bas, à Detroit, ville gangrenée par les reprises de résidences. «C'est parti très lentement», reconnaît toutefois Giuseppe Panzera.

Si le président assure sa présence tant dans ses salles d'exposition que dans sa cuisine personnelle, l'heure de la passation de pouvoir pourrait sonner bientôt. «Ma soeur (Claudia) et moi commençons à être plus engagées dans les décisions stratégiques», souligne Kristina Panzera, qui se consacre l'entreprise familiale depuis ses 16 ans et qui confronte son père à une gestion différente. «On est italiens, on est passionnés, dit la directrice marketing. Pour mon père, tout est basé sur l'expérience. Moi, sur ce que j'ai appris à l'école. Il avance par instinct. Moi, par des études de marché. Mais les deux modes de fonctionnement vont bien ensemble.»