Alimentation Couche-Tard a perdu jeudi une importante bataille dans son combat pour l'acquisition de Casey's mais elle peut encore remporter la guerre si elle accepte d'y mettre le prix, estiment des experts.

La réélection d'un conseil d'administration catégoriquement opposé à son projet constitue un revers important pour l'entreprise québécoise.

Aux yeux du professeur Stéphane Rousseau de la chaire sur la gouvernance des entreprises de l'Université de Montréal, il s'agit d'un vote de confiance très fort pour la direction de Casey's, qui a qualifié la plus récente proposition de Couche-Tard d'insuffisante.

À son avis, une transaction demeure cependant possible, à condition que la compagnie de Laval soit prête à débourser au moins 40 $ US par action, soit l'équivalent de ce qu'offre son rival 7-Eleven.

Jusqu'à maintenant, la société de l'Iowa s'est montrée réticente, voire hostile, envers Couche-Tard.

La loi de l'État lui permettrait de refuser une transaction et de rester indépendante sous prétexte que son intégration à un grand groupe n'est pas avantageuse pour la communauté.

Mais, on ne peut pas écarter la possibilité que Casey's se montre difficile dans l'espoir de faire monter les enchères pour se vendre au plus offrant, a expliqué M. Rousseau.

Il n'est cependant pas certain que Couche-Tard, réputée pour sa prudence, choisisse de bonifier énormément son offre évaluée à 2 milliards. «À 40 $ par action, ça commence à être pas mal», souligne Yan Cimon, professeur adjoint de stratégie à l'Université Laval.

«Mais si, pour eux, le Midwest est très stratégique et très important, il est possible qu'ils tentent de damer le pion à 7-Eleven», a-t-il ajouté lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.

Les dirigeants de Couche-Tard sont demeurés muets au sujet de leurs intentions, vendredi.

D'après Derek Dley, analyste chez Canaccord Genuity, ils attendent probablement d'en savoir plus sur les intentions de 7-Eleven avant de prendre une décision.

«À mon avis, ce n'est pas terminé. Il y aura d'autres développements dans les jours ou les semaines à venir», a-t-il indiqué.

Couche-Tard est le deuxième plus gros exploitant de dépanneurs aux États-Unis, où il fait affaire sous la bannière Circle K.

L'acquisition des 1530 magasins de Casey's lui permettrait d'accroître rapidement sa présence dans le Midwest, plutôt que de procéder par petites acquisitions successives.

L'action de Couche-Tard a avancé vendredi de 31 cents à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 23,56 $.