Après une brève récession, les plus gros détaillants vestimentaires de haut de gamme à Montréal jouent du coude pour profiter au mieux de la reprise.

Au chic magasin Holt Renfrew de la rue Sherbrooke, les nouveaux dirigeants misent notamment sur l'ajout de personnel et le rehaussement du service à la clientèle, pourtant déjà relevé.

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«Nous ne pourrons rien tenir pour acquis avec notre clientèle cible, qui est très avertie en matière d'élégance et de confort vestimentaire. C'est essentiel de développer et de nourrir une véritable relation avec nos clients», résume Mark Derbyshire, président de Holt Renfrew, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires hier à Montréal.

Bond des ventes

La récente récession a affecté Holt Renfrew et son réseau de neuf magasins, dont ceux de Montréal et Québec. Mais bien peu par rapport à ce qu'ont subi ses semblables aux États-Unis et en Europe, souligne M. Derbyshire.

Même que la reprise semble engagée chez Holt Renfrew, avec des ventes en hausse «d'au moins 15%» sur une base annualisée, affirme son président.

Cette reprise arrive quelques mois après l'arrivée en poste de M. Derbyshire. Ces jours-ci, le nouveau président multiplie les visites de magasins et les rencontres d'employés à l'aube de l'importante saison de magasinage de l'automne et des Fêtes.

Le magasin de Montréal, qui s'étend sur 65 000 pieds carrés en plusieurs niveaux, compte 200 employés. Et à Québec, ville d'origine de Holt Renfrew en 1837, souligne M. Derbyshire, le magasin de 25 000 pieds carrés de Place Sainte-Foy compte 95 employés.

Par ailleurs, au magasin de Montréal, la directrice générale depuis deux ans, Julie Synnott, vient d'être élevée au rang de vice-présidente, divisionnaire, ventes et services.

Plus de galon, certes, mais aussi plus de responsabilités pour appuyer l'ambition du nouveau président de Holt Renfrew d'en rehausser «l'expérience de magasinage à un niveau unique et extraordinaire».

Concurrence

À quelques pas de là, le patron du chic et très mont- réalais magasin Ogilvy se soucie peu des ambitions de son concurrent. «Plus d'attention personnalisée aux clients? Ce que veut faire Holt Renfrew, c'est du rattrapage par rapport à ce que nous faisons chez Ogilvy depuis longtemps», lance Bernard Paré.

Le PDG d'Ogilvy a ses raisons d'être plutôt frondeur. D'une part, après une légère récession, les ventes du magasin et de sa soixantaine de boutiques griffées en concessions sont en hausse de 8% sur un an. D'autre part, Ogilvy a depuis juillet dernier de nouveaux copropriétaires québécois qui, après l'avoir racheté pour près de 100 millions de dollars d'un investisseur torontois, lui préparent tout un élan.

Ces copropriétaires in-cluent la famille Beaudoin (Bombardier), le Fonds FTQ et les promoteurs de l'ambitieux quartier commercial DIX30, sur la Rive-Sud.

Rénovations

Au magasin du centre-ville, des rénovations auront lieu à certains des six étages. Et la filiale immobilière du Fonds FTQ lorgne un projet de tours à appartements sur un lot adjacent.

Entre-temps, Ogilvy planifie l'ouverture d'un deuxième magasin, au quartier DIX30. Devraient suivre des magasins à Laval et à Québec.

Du côté de Holt Renfrew, pas de projet de nouveau magasin, même dans la banlieue aisée de l'ouest de l'île de Montréal.

«Nous préférons miser sur l'amélioration des magasins que nous avons déjà», commente Mark Derbyshire.

En fait, c'est l'essence du mandat qu'il s'est vu confier depuis janvier dernier par les propriétaires de Holt Renfrew, la famille milliardaire Weston de Toronto, qui contrôle aussi le géant alimentaire Loblaws.

Holt Renfrew fait partie d'un holding privé des Weston qui comprend les détaillants de haut de gamme Selfridges, en Grande-Bretagne, et Brown Thomas, en Irlande.

Mark Derbyshire y est d'ailleurs passé comme gestionnaire avant d'être promu président de Holt Renfrew au siège social de Toronto.

De cette expérience, et de sa jeunesse comme fils de détaillant, Mark Derbyshire affirme avoir acquis un sens «primordial» des éléments de proximité avec la clientèle.

Aux magasins de Montréal et de Québec, par exemple, ça signifie intégrer des vêtements «de classe mondiale» provenant de designers québécois.

Aussi, des aliments d'origine québécoise figurent au menu du Café Holt, le service de restauration interne du détaillant.