S'il réussit son offre d'achat de la chaîne de dépanneurs Casey's dans le Mid-West américain, et qu'il en licencie ensuite les patrons récalcitrants, Alimentation Couche-Tard pourrait devoir leur payer près de 12 millions US en primes de départ.

À lui seul, le président et chef de la direction de Casey's, Robert J. Myers, serait admissible à des indemnités d'au moins 5,1 millions US en cas de fin d'emploi après un changement de contrôle de l'entreprise.

De cette somme, 2,8 millions seraient en primes salariales et 1,9 million en bonification de son régime de retraite particulier.

C'est ainsi que l'on détaille le «parachute doré» des patrons de Casey's dans la circulaire de direction distribuée depuis hier parmi les actionnaires, en prévision de l'assemblée annuelle du 23 septembre au siège social du détaillant à Des Moines, en Iowa.

À cette occasion, d'ailleurs, les actionnaires de Casey's se prononceront sur le remplacement du conseil d'administration proposé par Couche-Tard, en appui de son offre d'achat de 1,9 milliard US en cours depuis quatre mois.

Par ailleurs, la circulaire de Casey's révèle qu'en dépit de ses efforts pour dissuader ses actionnaires de l'offre de Couche-Tard, dont un audacieux rachat d'actions de 500 millions US, le détaillant est déjà ciblé par trois requêtes en recours collectif de la part d'actionnaires mécontents de son rejet de l'offre de Couche-Tard.

Ces requêtes prétendent à une «violation de responsabilité fiduciaire» de la part du conseil d'administration de Casey's. Et parmi ces actionnaires mécontents, on note une caisse de retraite des métiers de la construction du Kentucky, le «State Carpenters Pension Trust».

Cette organisation fait partie des caisses de retraite aux États-Unis qui sont connues comme des «actionnaires activistes» parmi les entreprises cotées en Bourse.

Bref, tout s'aligne pour une suite plutôt corsée du match juridico-financier entre Couche-Tard et Casey's pour l'appui des actionnaires de ce dernier.

D'autant plus que des échéanciers importants se succéderont au cours des prochaines semaines.

Dans quelques jours, le 23 août, la cour du district de l'Iowa entendra la requête en injonction de Casey's contre Couche-Tard.

Casey's allègue que son rival aurait manipulé le cours de ses actions en Bourse avec diverses transactions lors de l'annonce de son offre, au début du mois d'avril.

Ensuite, c'est le 25 août que doit prendre fin l'offre de Casey's à ses actionnaires de racheter le quart de leurs titres, jusqu'à concurrence de 500 millions US.

Ce rachat à 38$US par action a été lancé le 27 juillet en contre-offensive financière à l'offre de Couche-Tard, qui cote encore à 36,75$US par action. L'action de Casey's valait hier 37,63$US, en baisse de 10 cents sur la séance de la veille.

Dans un communiqué, hier, Couche-Tard a vivement critiqué le montage financier de 569 millions US conçu par Casey's pour effectuer son rachat d'actions.

Selon Couche-Tard, les conditions coûteuses de ce financement sont «scandaleuses» envers l'avoir des actionnaires de Casey's.

Aussi, cette «stratégie toxique» des dirigeants de Casey's, avec leur «parachute doré», démontrent que «les actionnaires de Casey's méritent un conseil d'administration et des dirigeants qui agiront dans leur intérêt».

Entre-temps, Couche-Tard a jusqu'au 30 août pour décider de prolonger ou de bonifier de nouveau son offre, selon sa plus récente échéance.

Et peu importe leur décision, les dirigeants de Couche-Tard devront vite s'en justifier devant les actionnaires de la société. Leur assemblée annuelle aura lieu le 31 août à Laval, trois semaines avant celle des actionnaires de Casey's en Iowa. L'action de Couche-tard a fini la journée à 21,40$, en hausse de 27 cents.