Alors qu'il vient d'annoncer des profits en nette hausse, le Groupe Jean Coutu (T.PJC.A) doit se faire à l'idée de réduire de plus de moitié les prix de vente des médicaments génériques dans un avenir rapproché. Mais il demande au gouvernement québécois des mesures de transition pour réduire l'impact du changement chez les acteurs de l'industrie.

L'Ontario vient de mettre en branle une réforme qui vise à réduire de moitié le coût des médicaments génériques. Or, la Politique du médicament du Québec permet à la province d'exiger le meilleur prix au pays pour les génériques, vendus en ce moment dans une fourchette de 54 à 60% du médicament d'origine. Ainsi, le prix des médicaments visés par la réforme ontarienne descendra jusqu'à 25% au Québec aussi.

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Les dirigeants du Groupe Jean Coutu (PJC), présent principalement au Québec, mais aussi en Ontario et au Nouveau-Brunswick, refusent de préciser l'impact financier d'une telle mesure. Mais le président et chef de la direction, François Jean Coutu, a indiqué que les médicaments génériques représentent plus de 40% des ordonnances et environ 20% des revenus de médicaments prescrits.

PJC demande des mesures de transition pour faire face à la nouvelle donne.

«Si on impose radicalement des mesures difficiles, c'est le pharmacien-propriétaire qui va payer», a déclaré le fondateur Jean Coutu, 83 ans, en marge de l'assemblée annuelle des actionnaires. «Avec la baisse de prix en question, le pharmacien sera-t-il capable de continuer à donner des salaires raisonnables, sans diminuer les heures et sans faire des mises à pied? C'est de ce genre de choses que nous devons discuter avec le gouvernement.»

«Le ministre demeure ouvert à rencontrer les représentants de l'industrie», a indiqué à La Presse Affaires Karine Rivard, attaché de presse du ministre de la Santé, Yves Bolduc.

L'Ontario a déjà mis de l'avant certaines mesures transitoires, a pour sa part précisé André Belzile, premier vice-président aux finances de PJC. La réforme ontarienne prévoit une augmentation des honoraires de prescription et une période tampon de trois ans pendant laquelle les pharmaciens pourront continuer de toucher des «allocations professionnelles» de la part des fabricants de médicaments génériques.

Bénéfice et titre en hausse

Durant l'assemblée annuelle qu'il a animée, Jean Coutu s'est dit très déçu du rendement du titre à la Bourse de Toronto. Depuis le début 2008, l'action peine à dépasser les 10$, alors qu'elle dépassait les 15$ durant la majeure partie de 2007.

Le célèbre pharmacien a certainement accueilli avec soulagement la réaction des investisseurs aux résultats du premier trimestre de l'exercice 2011. L'action a gagné 2,6% pour clôturer à 8,39$ hier. Il avait progressé de plus de 5% en cours de séance.

Pour le trimestre terminé le 29 mai dernier, les revenus du Groupe Jean Coutu, provenant principalement des ventes à ses franchisés, ont atteint 642,9 millions de dollars, en hausse de 3,8%.

Les ventes de Pro Doc, filiale qui fabrique des médicaments génériques, ont bondi de 61%, à 30,9 millions.

PJC a enregistré un bénéfice net de 43,2 millions, soit 18 cents par action. Cela correspond aux attentes des analystes.

En 2010, les pertes de Rite Aid aux États-Unis avaient plombé le bénéfice trimestriel de plus de 30 millions, pour un profit net de 10,3 millions.

Mais maintenant que le placement de Jean Coutu dans Rite Aid est complètement radié des livres, il n'agit plus comme un boulet sur les résultats consolidés de la société.

Au prix actuel, les actions de Jean Coutu dans Rite Aid (28% du total) valent environ 250 millions US. PJC adopte une attitude attentiste dans le dossier, dans l'espoir que la société américaine se redresse. Mais Rite Aid prévoit enregistrer des pertes de l'ordre de 355 à 570 millions US dans l'année financière 2011.

642,9 millions +3,8%

Revenus du groupe

43,5 millions +13%

Bénéfice net avant charge extraordinaire

+2,9%

Ventes totales des magasins (établissements comparables)