Le détaillant Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B), spécialiste des dépanneurs, demeure confiant de réaliser son projet d'achat de l'américain Casey's (CASY), malgré le rejet officiel de son offre signifié hier à ses actionnaires.

Aussi, Couche-Tard écarte toute intention de majorer son offre de 36$ US l'action, ou quelque 1,9 milliard US en tout, qu'il propose depuis trois mois au détaillant basé en Iowa.«Il n'y a rien dans la réponse du conseil d'administration de Casey's qui nous incite à majorer notre offre»,a indiqué Raymond Paré, vice-président et chef financier de Couche-Tard.

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

«Notre offre est à 36$ US depuis le début et notre intérêt demeure à ce prix seulement. Si des investisseurs ou des analyses prétendent que la valeur de Casey's est plus élevée, libre à eux de faire une offre plus chère que la nôtre et de l'emporter. Ça nous fera plaisir de les regarder aller parce que nous ne serons plus là.»

Recommandation

Tel que requis par la réglementaire boursière, le conseil de Casey's a divulgué hier sa recommandation à ses actionnaires en réponse à l'offre lancée officiellement par Couche-Tard la semaine dernière, après deux mois de démarches infructueuses auprès de la haute direction du détaillant américain.

Sans surprise, le conseil de Casey's recommande le rejet de l'offre de Couche-Tard, la qualifiant d'insuffisante et d'opportuniste.

Toutefois, la réponse de Casey's comprend des allégations à l'égard de Couche-Tard qui, manifestement, tentent de miner sa crédibilité.

Entre autres, Casey's met en doute la viabilité du financement prévu par Couche-Tard, qu'il évalue à 1,3 milliard US, en regard des nouveaux tumultes sur les marchés financiers.

Critique sans fondement, a rétorqué Raymond Paré, de Couche-Tard, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires à son retour d'une rencontre à Boston avec des actionnaires importants de Casey's.

«Ce n'est pas quelques variations sur les marchés qui pourraient compromettre cette transaction, ni son financement. Si nous le croyons autrement, nous ne serions pas allés de l'avant la semaine dernière avec une offre officielle, au même prix proposé deux mois, au lieu d'attendre des conditions plus favorables.»

Par ailleurs, dans sa réponse officielle, le conseil de Casey's attribue des «tactiques douteuses» à Couche-Tard du fait qu'elle ait revendu après l'annonce de son offre la presque totalité des 1,9 million d'actions qu'elle avait achetées antérieurement.

Mais encore là, selon Raymond Paré, il s'agit d'une critique sans fondement.

«C'est nous qui avons divulgué cette revente d'actions. Et pourquoi? Parce que les actions de Casey's ont grimpé à plus de 38$ US après notre annonce, et que c'était un prix que nous estimions farfelu par rapport à la valeur réelle de cette entreprise», a expliqué M. Paré.

«Notre offre est à 36$ US par action, ce que nous sommes prêts à payer sans problème. Mais à plus de 38$ US, c'est un prix où nous ne serions plus du tout preneurs pour Casey's.»

Convaincre les actionnaires

N'empêche, pour la suite de son offre, Couche-Tard doit convaincre une bonne majorité d'actionnaires de Casey's avant la première échéance de son offre, le 9 juillet.

Mais, après des rencontres avec des actionnaires importants, à Boston, Chicago et New York, Couche-Tard demeure confiant de se les rallier en nombre suffisant.

Et ce, même si l'actionnariat de Casey's demeure largement hors des mains de ses dirigeants actuels, qui ne contrôlent que 2% du capital-actions.

En revanche, Couche-Tard s'efforce de convaincre la quarantaine d'actionnaires indépendants de la haute direction de Casey's qui en détiennent tout de même 80% des actions.

«Il s'agit d'investisseurs aguerris qui sont en mesure de juger de la pertinence de notre offre, en tant que vrais propriétaires de Casey's, a indiqué M. Paré. Nous espérons qu'ils s'interrogeront sur la valeur de notre offre pour eux, mais aussi surtout sur les moyens utilisés jusqu'à maintenant par les dirigeants de Casey's pour se protéger et contrer notre volonté de créer de la valeur pour ses actionnaires.»

Le vice-président de Casey's a fait état de «l'embauche de firmes financières dispendieuses, de contrats de parachutes dorés pour huit des principaux dirigeants de Casey's et, surtout, de la mise en place d'une pilule empoisonnée» pour gonfler le coût d'achat final.

Couche-Tard a déjà répliqué à cette défense de Casey's en annonçant un conseil d'administration de remplacement qu'elle entend soumettre au vote au cours de sa prochaine assemblée d'actionnaires.