La Commission des relations du travail (CRT) révoque l'accréditation syndicale des employés de l'atelier automobile du Wal-Mart du Plateau, à Gatineau.

La décision du CRT a été rendue le 30 mars, sans que les employés ni la multinationale n'ébruitent l'affaire.

Le syndicat de l'atelier, affilié aux Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC, local 486) essuie une défaite ultime, malgré son accréditation, obtenue le 2 mai 2005, visant à négocier une première convention collective.

Pour le directeur québécois des TUAC, Louis Bolduc, le combat pour la syndicalisation des employés de l'atelier du Plateau est bel et bien terminé, «mais pour le reste du magasin et ses 180 employés, ce n'est pas fini car le dossier est toujours en arbitrage».

Wal-Mart Canada a déposé sa demande de révocation de l'accréditation syndicale, le 29 octobre 2009.

La décision du 30 mars survient après des recours juridiques à répétition de la part de Wal-Mart. «Pendant toutes ces années de contestation, Wal-Mart nous a »ramassé« sur des formalités techniques, puis pendant ce temps-là, des employés sont partis, d'autres sont arrivés sans nous appuyer, et le syndicat a fini par ne plus représenter la majorité des employés», a analysé M. Bolduc.

Le juge administratif Jean Paquette a accepté l'idée que le syndicat ne regroupait plus la majorité absolue des salariés. La requête en accréditation du syndicat a été déposée hors délai, même si le local 486 n'a jamais cessé d'exister, a poursuivi le juge.

Pour la spécialiste en relations de travail, Françoise Boivin, la seule façon pour le mouvement syndical de reprendre vie à l'atelier de la succursale du Plateau de Wal-Mart, est de reprendre le processus d'accréditation à zéro. «La règle de base, c'est de représenter la majorité des employés», a-t-elle résumé.

Marathon judiciaire

Wal-Mart a multiplié les recours judiciaires depuis 2005.

Dans les jours suivant l'accréditation, Wal-Mart a demandé la révocation et la suspension des négociations, rajoutant que la demande d'accréditation n'était pas conforme à la loi. Wal-Mart a contesté des ordonnances de la CRT et de la Cour supérieure, jusqu'à s'adresser à la Cour suprême, qui a aussi rejeté la demande de révision judiciaire de Wal-Mart.

Le dossier est revenu devant le CRT, qui a rejeté une autre demande de révocation de la part de Wal-Mart, et ordonné aux parties de reprendre les négociations.

Syndicat et employeur ont négocié en février, en mai et en septembre 2009, puis, dans l'impasse, le syndicat a demandé l'arbitrage, le 29 octobre de la même année.

Ce même jour du 29 octobre 2009 a aussi été marqué par le dépôt de la requête de la multinationale pour révoquer l'accréditation.

Wal-Mart n'a pas commenté, jeudi.