La nouvelle cible d'acquisition du géant des dépanneurs Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B) dans le Midwest américain risque de lui coûter plus cher que son offre initiale de 1,9 milliard US.

Peut-être jusqu'à 300 millions de plus, selon les opinions d'analystes recueillies depuis l'annonce de l'offre, vendredi dernier. Néanmoins, estiment-ils, tant les actionnaires de Couche-Tard que ceux de Casey's General Stores [[|ticker sym='CASY'|]], en Iowa, ne devraient s'attendre à une bonification plus importante.

«Couche-Tard a une bonne feuille de route en tant qu'acquéreur discipliné», résume Martin Landry, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note à ses clients-investisseurs.

En Bourse, d'ailleurs, les investisseurs ont manifesté leur confiance envers la discipline d'achat de Couche-Tard.

Pour la deuxième séance consécutive, hier, ils ont haussé ses actions de 3,5%, jusqu'à 19,63$ en clôture. Il s'agit d'une hausse inhabituelle pour une entreprise qui cible la plus grosse acquisition depuis des années dans son secteur d'activités.

Quant aux actionnaires de Casey's, s'ils veulent plus de Couche-Tard, des analystes leur suggèrent la modération en regard de la faible possibilité d'une offre concurrente.

Selon James Durran, analyste en commerce de détail à la Financière Banque Nationale, seul le principal concurrent de Couche-Tard aux États-Unis, le groupe 7-Eleven, serait aussi capable de financer et de rentabiliser l'acquisition de Casey's.

«Les actionnaires de Casey's doivent être prudents envers cette occasion offerte par Couche-Tard de monnayer leur avoir, avertit M. Durran dans une note. Elle aurait d'autres possibilités d'acquisition aux États-Unis si le prix pour Casey's devenait trop élevé.»

2,2 milliardsUS

Pour le moment, les analystes s'attendent à un prix d'acquisition qui pourrait avoisiner les 42$US par action. Ça serait 16% de plus que l'offre de 36$US au comptant annoncée vendredi, et 32% de plus que la cote boursière de Casey's le jour précédant.

À ce prix par action, aussi, le coût de Casey's pour Couche-Tard grimperait autour de 2,2 milliards US, comparé à 1,9 milliard annoncé vendredi.

N'empêche, de l'avis d'analystes, un tel prix demeurerait dans les capacités financières de Couche-Tard, sans trop alourdir son bilan.

D'autant que la cible, Casey's, serait encore à ce prix une acquisition pouvant contribuer rapidement à la croissance du résultat net de Couche-Tard.

Par ailleurs, Casey's a un bilan un peu moins endetté que Couche-Tard, ce qui fournirait à cette dernière un levier additionnel de refinancement après l'acquisition.

Selon John Lawrence, analyste chez Morgan Keegan de Memphis, au Tennessee, le bilan de Casey's peut absorber une dette additionnelle d'environ 600 millions US.

En contrepartie, ce levier financier disponible chez Casey's pourrait servir à ses dirigeants à promouvoir leur plan d'expansion auprès de ses actionnaires.

Et du coup, s'en servir comme argument dissuasif à l'encontre de l'offre au comptant de Couche-Tard.

Le défi s'annonce pressant pour le conseil d'administration de Casey's dont l'actionnariat est très dispersé, sans bloc de contrôle pour les dirigeants.

D'autant que les investisseurs s'arrachent littéralement ses actions à la Bourse NASDAQ depuis vendredi dernier, à plus de 39$US l'unité. Quelque 15,5 millions d'actions de Casey's ont changé de mains durant les heures qui ont suivi l'offre de Couche-Tard, ce qui était 30 fois plus que d'habitude.

Et encore hier, quelque 2,75 millions d'actions de Casey's ont été échangées.