Le gouvernement fédéral permettra à Amazon de se doter d'un centre de traitement des commandes au Canada en échange d'une promesse du détaillant américain de promouvoir la culture du pays et d'embaucher ses premiers employés canadiens.

Ottawa a autorisé le projet de amazon.com, lundi, après avoir mené un examen de la proposition en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Selon cette législation, les intérêts étrangers ne peuvent accéder à la propriété dans le secteur de la vente de livres au pays parce qu'il relève de l'industrie culturelle.

Dans le cadre de cette entente, Amazon investira plus de 20 millions $, dont 1,5 million $ pour des activités et des récompenses au Canada, ainsi que pour la promotion des livres d'auteurs canadiens sur les marchés internationaux.

Amazon aura également le mandat de créer de nouveaux emplois pour les Canadiens, d'améliorer les services offerts à ses clients canadiens, de donner une plus grande visibilité aux livres canadiens dans le site amazon.ca, et d'accroître l'accès aux produits culturels canadiens de langue française.

James Moore, ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, a indiqué qu'Amazon avait démontré sa volonté de promouvoir les produits culturels canadiens.

«Pour les Canadiens, ça veut dire des emplois. Ca représente aussi un investissement de plus de 20

millions $ dans l'économie canadienne...», a déclaré M. Moore à la Chambre des Communes, lundi.

«Pour les auteurs canadiens, ça signifie qu'ils auront plus d'occasions pour vendre leur excellence à un auditoire international. C'est bon pour le Canada.»

La société américaine embauchera également du personnel à temps plein pour soutenir les éditeurs canadiens et autres fournisseurs de produits culturels, et accroître le contenu canadien disponible via le lecteur de livre électronique Kindle.

Selon la Loi sur Investissement Canada, les investissements étrangers en matière d'édition et de livres sont limités aux entreprises communes contrôlées par des intérêts majoritairement canadiens.

Le Canada était le seul pays où Amazon vendait des livres via Internet sans pour autant posséder son centre de traitement des commandes. Afin de contourner la législation canadienne, Amazon faisait appel à un tiers pour son service d'expédition au Canada.

L'association qui représente les détaillants de livres au Canada craint que cette décision ne crée un précédent qui permettrait aux «Goliaths américains» de devenir des présences imposantes au pays.

Selon la directrice-générale Susan Dayus, la décision ne mettra pas fin à sa lutte contre l'invasion de propriétaires étrangers au Canada.

«Nous ne pensons pas que ça aidera les Canadiens. Nous ne croyons pas que c'était la décision à prendre», a-t-elle soutenu.