Vous voulez assurer la survie du dépanneur du coin? Payez comptant au lieu d'utiliser votre carte de crédit.

Selon une étude de l'Association canadienne des dépanneurs en alimentation (ACDA) qui sera rendue publique ce matin, les frais de cartes de crédit coûtent 200 millions de dollars par année aux propriétaires de dépanneurs au Canada. C'est presque autant que la contrebande de cigarettes, qui leur coûte 260 millions par année. Et les frais de cartes de crédit augmentent rapidement: 50 millions de plus seulement l'an dernier, selon cette étude.

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«Les clients peuvent payer moins souvent avec leur carte de crédit, mais il faut aussi une réglementation pour réduire les frais de transaction. En Australie ou dans certains pays d'Europe, les frais de cartes de crédit représentent entre 0,5% et 0,7% du montant de la transaction», dit Michel Gadbois, vice-président principal de l'ACDA, qui a commandé l'étude sur l'industrie des dépanneurs au professeur Jacques Nantel, de HEC Montréal, et au consultant Guy Champagne.

L'étude de l'ACDA sera présentée aujourd'hui à Laval à des représentants de l'industrie venus de partout au pays.

Selon l'ACDA, les frais exigés par VISA, MasterCard et les institutions financières représentent en moyenne 2,0% de leurs ventes à crédit. C'est davantage que leur marge de profit, chiffrée à 1,1% pour un dépanneur ordinaire et à 1,9% pour un dépanneur avec station-service. VISA Canada n'a pas rappelé La Presse Affaires au moment de mettre sous presse.

La hausse des frais de cartes de crédit a contribué à la fermeture de 2274 dépanneurs au pays en 2009, dont 441 fermetures au Québec. «Ce sont surtout des dépanneurs de petite taille qui ne peuvent pas compter sur le trafic des stations d'essence», dit Michel Gadbois.

En 2009, le nombre de dépanneurs a diminué de 8,9% au Canada et de 6,9% au Québec. «Toutes proportions gardées, il y a moins de fermetures au Québec car les dépanneurs peuvent y vendre de l'alcool et du vin», dit Michel Gadbois.

Malgré la hausse des frais de cartes de crédit, la contrebande de cigarettes reste le problème numéro un des dépanneurs, qui font 17,9% de leurs profits avec la vente de cigarettes. Les deux autres produits les plus rentables, les boissons et les loteries, ne représentent respectivement que 11,0% et 7,7% des profits des dépanneurs.

Comme solution à la contrebande, Michel Gadbois propose à la fois des amendes plus sévères pour les revendeurs illégaux et une baisse des taxes sur les cigarettes. «Les taxes sur les cigarettes ont augmenté à partir de 2004 et il faut généralement deux ans aux réseaux illicites de distribution pour s'organiser, dit-il. On a remarqué un effet sur nos ventes depuis 2006. La première année, les dépanneurs voient leurs profits diminuer. La deuxième année, ils sont obligés de mettre à pied un employé et de faire de plus longues heures. La troisième année, ils sont obligés de fermer.»

Selon l'étude de l'ACDA réalisée à partir des données d'Imperial Tobacco, les 23 228 dépanneurs au pays ont généré un chiffre d'affaires annuel de 31,9 milliards de dollars en 2009, comparativement à 33,1 milliards l'année précédente. Cette diminution de 3,6% est attribuable en grande partie à la baisse du prix de l'essence. En excluant les fluctuations du cours de l'or noir, le chiffre d'affaires des dépanneurs au pays s'est apprécié de 0,6% en 2009.

À l'échelle canadienne, les dépanneurs vendent 56,9% des boissons énergétiques, 35,5% des boissons sportives, 18,8% de la gomme, 15,8% du chocolat et 14,0% des bonbons. Au Québec, 18,3% de la bière et du vin se vend au dépanneur.