Le beau temps est synonyme de bonnes affaires pour les commerçants en général. En novembre toutefois, les Canadiens ont préféré sortir leur carte d'assurance-maladie pour un vaccin contre la grippe A (H1N1) plutôt que leurs cartes de crédit pour divers machins.

Le temps plus doux que d'ordinaire les aura en outre incités à reporter l'achat de vêtements chauds et d'articles de sport d'hiver.

Voilà pourquoi les ventes des détaillants ont reculé de 0,3 % en novembre après trois hausses mensuelles d'affilée.

Statistique Canada a aussi indiqué hier que le repli atteint 1,0 % lorsqu'on les exprime en volumes, ce qui tend à montrer que les prix des marchandises ont grimpé durant le mois.

C'était vrai en tout cas pour les concessionnaires de véhicules, qui avaient beaucoup de nouveaux modèles dans leurs salles d'exposition, mais peu de promotions à offrir. La valeur de leurs transactions a reculé de 2,2 % par rapport à celle d'octobre.

Les magasins de vêtements, de marchandises divers et d'articles de sport ont attiré encore moins de clients.

En revanche, les magasins de matériaux de construction, de produits extérieurs pour la maison, de produits électroniques, de meubles et d'électroménagers ont continué de faire de bonnes affaires, reflétant ainsi la fébrilité du marché de l'habitation.

Les chiffres d'ensemble ont déçu les experts qui s'attendaient à une légère croissance, une fois exclues les ventes de véhicules neufs dont le recul était déjà connu. Sans elles, la valeur des ventes des détaillants était tout juste stable.

La déception s'explique aussi par le fait que les affaires des grossistes ont progressé de 2,5 % durant le mois. Exprimées en volumes, elles ont augmenté de 2,1 %, grâce surtout à l'apport du Québec et de l'Ontario.

Les ventes des détaillants des deux provinces ont néanmoins reculé de 0,3 % et de 0,4 %.

« La vive progression des ventes des grossistes observée en novembre devrait, après un certain décalage, se refléter dans le commerce de détail, du moins en partie », prédit Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

En aucune façon, novembre ne doit être considéré comme un point de rupture dans le comportement des consommateurs. C'est plutôt comme si les consommateurs en avaient profité pour se créer une petite cagnotte avant les achats du temps des Fêtes.

En fait, novembre constitue un tournant en quelque sorte, constate Benjamin Reitzes, économiste chez BMO Marchés des capitaux. « Pour la première fois en 13 mois, les ventes sont plus élevées que ce qu'elles étaient un an plus tôt. »

Quel contraste avec la situation américaine où les ventes au détail en termes réels stagnent depuis un an environ ! « Les ventes canadiennes en volumes ont regagné les niveaux d'avant récession et devraient continuer de progresser », affirme Marco Lettieri, économiste à la Financière Banque Nationale.

Elles sont jusqu'ici en progrès de 5,1 % au quatrième trimestre par rapport au troisième.

Néanmoins, leur faiblesse relative en novembre va limiter la croissance pour l'ensemble du mois puisqu'elles représentent environ 30 % de la taille de l'économie. Le produit intérieur brut a sans doute augmenté d'à peine 0,1 %, apprendrons-nous la semaine prochaine.