Toujours affecté par la baisse des mises en chantier, le détaillant et distributeur Rona (T.RON) fait pression sur les gouvernements pour qu'ils prolongent les crédits d'impôts à la rénovation domiciliaire.

Catherine Poulin, porte-parole du ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, a toutefois exclu cette possibilité mardi. Au cabinet de son homologue fédéral, Jim Flaherty, on n'a toutefois pas voulu s'avancer sur la question avant le dépôt du prochain budget, au début de 2010.

Quoi qu'il en soit, l'entreprise de Boucherville entend prolonger d'un ou deux ans son programme RONAvantage, qui offre aux consommateurs une remise de 10 pour cent en cartes-cadeau sur les dépenses de 1000 $ à 10 000 $ couvertes par les subventions gouvernementales.

Jusqu'ici, plus de 13 000 clients se sont inscrits à RONAvantage à travers le Canada, pour des projets de rénovation dont la valeur dépasse 100 millions $. À la fin septembre, cela s'était traduit par des ventes de 60 millions $ pour Rona.

Le programme a permis à l'entreprise de diminuer l'effet de la récession sur ses revenus. Au troisième trimestre, le chiffre d'affaires de Rona a ainsi ralenti sa chute. Pour la période qui a pris fin le 27 décembre, les revenus ont néanmoins reculé de 4,4 pour cent pour atteindre 1,32 milliard $.

Les ventes des magasins comparables ont diminué de 5,3 pour cent, alors que celles du secteur de la distribution se sont repliées de 1,6 pour cent. Outre la baisse des mises en chantier par rapport à l'an dernier, Rona a pâti du faible niveau de confiance des consommateurs et des mauvaises conditions climatiques de l'été.

Les clients continuent de privilégier les plus petits projets de rénovation, de sorte que les ventes de peinture, de luminaires et de pièces de quincaillerie, notamment, ont été bonnes.

Les profits nets se sont élevés à 49,1 millions $ (38 cents par action), en baisse de 6,5 pour cent par rapport aux 52,5 millions $ (45 cents par action) dégagés pendant le même trimestre de l'an dernier.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 40 cents et sur des revenus de 1,36 milliard $.

L'analyste Brian Yarbrough, de la firme Edward Jones, ne s'attend pas à ce que les ventes de Rona reprennent de la vigueur avant le deuxième semestre de 2010, avec la relance des mises en chantier.

Selon lui, le détaillant pourrait souffrir l'an prochain du fait que des consommateurs précipitent leurs achats afin de profiter des subventions gouvernementales avant qu'elles ne prennent fin.

Nouveaux magasins

Par ailleurs, afin de poursuivre son développement, Rona lancera cette semaine dans la région montréalaise un nouveau concept de magasins, appelés Studio par Rona, qui se spécialiseront dans la décoration intérieure (peinture, papier peint et céramique). Les trois premiers ouvriront leurs portes jeudi dans l'arrondissement Saint-Léonard, à Vaudreuil-Dorion et à Rosemère.

Le président et chef de la direction de Rona, Robert Dutton, a dit rêver d'en ouvrir une centaine d'ici cinq à 15 ans, plus particulièrement en Ontario et dans l'Ouest.

Mais selon M. Yarbrough, cette nouveauté ne fera augmenter les revenus de Rona que de façon marginale, du moins dans les premières années du concept.

L'action de Rona a clôturé à 15,75 $ mardi, en baisse de 0,3 pour cent, à la Bourse de Toronto.