François Jean Coutu, principal actionnaire et membre du conseil d'administration de Rite Aid, estime que le détaillant pourrait devoir vendre des pharmacies dans des États de l'Ouest américain et piquer des ventes à ses concurrents dans l'Est pour retrouver le chemin de la rentabilité.

Rite Aid, qui a perdu de l'argent pendant neuf trimestres de suite, doit gagner des parts de marché dans des États tels que la Pennsylvanie et New York, où la chaîne de pharmacies fait déjà figure de leader, pour dégager des bénéfices, a précisé M. Coutu, 54 ans, PDG du Groupe Jean Coutu, une société établie à Longueuil. Mais Rite Aid a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de vendre des magasins dans l'Ouest américain.

«S'il n'y a pas de changements draconiens sur le marché de la distribution des produits pharmaceutiques aux États-Unis, Rite Aid aura des choix à faire», a dit M. Coutu au cours d'une entrevue cette semaine. «Je crois qu'il serait préférable que Rite Aid concentre ses énergies et ses forces sur quelques marchés», a-t-il ajouté.

Rite Aid, de Camp Hill, en Pennsylvanie, exploite plus de 4800 pharmacies, y compris en Utah, en Idaho, dans l'État de Washington et dans d'autres États de l'Ouest. M. Coutu n'a pas précisé quels magasins pourraient être vendus ou quand le détaillant renouerait avec les bénéfices.

«Nous n'avons pas de plans pour vendre nos magasins dans l'Ouest. Notre objectif est de demeurer une compagnie nationale de pharmacies», a soutenu jeudi Karen Rugen, une porte-parole de Rite Aid. «Nous aurions à évaluer toute proposition qui nous serait soumise, a-t-elle dit, et qui serait viable sur le plan financier tout en offrant de la valeur à nos actionnaires.»

Le Groupe Jean Coutu, deuxième chaîne de pharmacies au Canada, a vendu plus de 1800 magasins Brooks Eckerd à Rite Aid en 2007. Dans le cadre de cette transaction, le Groupe Jean Coutu a obtenu des sièges au conseil d'administration de Rite Aid ainsi que 250 millions d'actions.

Ceci en fait le plus important actionnaire de la compagnie américaine. Selon le rapport de l'exercice 2009, le Groupe Jean Coutu détient une participation de 28,4% dans Rite Aid. La transaction a été achevée avant que les États-Unis tombent en récession, ce qui a affecté les dépenses de consommation. La situation a nui à l'intégration des magasins Brooks Eckerd dans Rite Aid et haussé le coût du refinancement de la dette, a précisé M. Coutu.

Vendredi, le titre de Rite Aid cédait 4 cents US à 1,29$US à la Bourse de New York. Le prix de l'action a plus que quadruplé cette année.

«La vente de certains actifs pourrait être une bonne idée pour Rite Aid si cela aide la compagnie à réduire sa dette», estime Pierre Bernard, qui gère des actifs d'environ 850 millions CAN chez IA Clarington Investments, à Montréal, et qui possède des actions du Groupe Jean Coutu.

Au 29 août dernier, Rite Aid avait une dette totale de 5,91 milliards US. Le 6 octobre dernier, le Groupe Jean Coutu a réduit à zéro la valeur de son investissement dans Rite Aid à la fin du deuxième trimestre de l'exercice financier de la compagnie. Cela signifie que le Groupe Jean Coutu n'aura plus à comptabiliser les pertes de Rite Aid dans ses rapports financiers trimestriels.

Les résultats financiers du Groupe Jean Coutu faisaient état d'un profit de 14,9 millions CAN au deuxième trimestre malgré une perte de 24,3 millions issue de Rite Aid.