Hier matin, rue Sainte-Catherine. Dominique Dumontier se balade avec ses emplettes sous le bras: deux paires de chaussures et un bermuda.

Quand on lui parle de la reprise des ventes au détail, elle lance sans hésiter: «J'en suis la preuve vivante!»

«J'attendais les soldes», poursuit cette retraitée, qui avait pris une pause dans les achats au printemps, quand la valeur de son REER a fondu. Mais le REER a pris du mieux et elle a repris ses habitudes, confie-t-elle en face du Complexe Les Ailes.

Quelques pas à l'est, Mann Hour sort de chez Future Shop les mains vides. Il veut acheter un ordinateur portable de 1100$, soldé à 800$. «C'est une bonne affaire», explique-t-il. Malheureusement pour lui, il devra le chercher dans un autre magasin.

Les soeurs Ricard s'apprêtent à entrer à La Baie quand on les aborde. Résidante de Québec, Francine n'a pas vu passer le ralentissement économique. «Nous autres, on n'a pas arrêté (de magasiner)», confie la représentante publicitaire.

«La région de Québec a tendance à être moins touchée» en raison de la forte concentration d'employés de l'État, confirme Gaston Lafleur, du Conseil québécois du commerce de détail.

«Moi, mon salaire n'est pas fonction de l'économie, explique aussi Frédéric Laurin, professeur d'économie à l'Université du Québec à Trois-Rivières, croisé lui aussi en train de faire ses emplettes. Donc, je dépense quand j'en ai besoin.»

Ses sacs contenaient des articles importés: des souliers italiens et un pantalon fabriqué en Ukraine. «L'argent économisé, je vais le dépenser dans un restaurant ici. Donc, ça crée de l'emploi au Québec», précise le spécialiste du développement régional.

Dans la bijouterie Birks - au plafond magnifiquement orné - les clients se font rares. Il faut revenir à l'heure du midi, nous indique une employée. C'est à ce moment qu'ils sont plus nombreux.

D'avril à juin, les ventes de Birks au Canada ont baissé de 13% dans les magasins ouverts depuis au moins un an. Mais la porte-parole du groupe, Anny Kazanjian, se fait rassurante: «Au Canada, on fait mieux que prévu. On a vu un mouvement positif dernièrement.»

Ailleurs, la récession a eu des effets inattendus chez certains détaillants, qui ont dû faire preuve d'imagination ces derniers mois. «Je pense qu'on est plus fatigués. On a dû travailler plus fort pour obtenir les mêmes ventes», explique le directeur du marketing et de la publicité de Piscines Trévi, Alain Gravel.

Un exemple: en février, une piscine a été vendue assortie d'une condition, soit que les acheteurs aient conservé leur emploi en avril. «Finalement, ils n'ont pas perdu leurs jobs et on a vendu la piscine», souligne M. Gravel.

Chez Chomedey Hyundai, le propriétaire André Leclair, qui définit sa marque comme «le Walmart de l'automobile», a aussi vu apparaître une nouvelle clientèle en raison de la récession. Des clients plutôt âgés qui sont entrés avec une Lexus en fin de bail et sont ressortis avec une Hyundai, beaucoup moins chère. «Il y en a beaucoup qui ont pris une débarque (financière) cette année», indique M. Leclair.

Et le facteur météo dans les ventes actuelles? Chez le détaillant de meubles Philippe Dagenais, on y voit un effet positif. «Quand il ne fait pas beau, les conseillers me disent que les gens sont plus portés à acheter», dit l'adjointe au marketing, Andrée-Anne Méthot. À preuve, les ventes en juillet sont en hausse...

Mais les affaires ne sont pas nécessairement aussi bonnes dans les magasins de vêtements, un secteur «influencé grandement par les conditions climatiques», rappelle M. Lafleur, du Conseil du commerce de détail.

Et ce n'est pas cette fin de semaine, qui s'annonce encore pluvieuse, qui permettra de réparer les dégâts.