Le titre de Rona (t.ron) a plongé de 7% hier à la Bourse de Toronto, après que la société ait annoncé un recul de ses ventes de 7,2% au premier trimestre de 2009. Mais le détaillant identifie un fort potentiel de consolidation dans le marché canadien de la rénovation, et il compte bien en tirer profit.

Le quincaillier a d'ailleurs procédé à une émission d'actions de 150 millions de dollars hier après la fermeture des marchés, en indiquant qu'elle utilisera cet argent notamment pour rembourser la dette et financer ses «projets d'investissement stratégique». Les 11 630 000 actions sont émises à un prix de 12,90$, alors que le titre a terminé la séance d'hier à 13,60$.

En dévoilant ses résultats de premier trimestre, Rona a indiqué que «les conditions de marché actuelles représentent un important potentiel pour la consolidation du marché canadien de la rénovation-construction et nous entendons poursuivre nos efforts en ce sens au cours des prochains trimestres».

Selon un analyste qui a préféré ne pas être nommé, l'expansion de Rona devrait se faire principalement par l'entremise du recrutement de nouveaux marchands, et surtout en Ontario et dans les Prairies.

Au premier trimestre, Rona a recruté trois nouveaux marchands indépendants au Québec.

Les ventes pâtissent

Rona a trimé au premier trimestre avec des ventes de 846 millions, en baisse de 7,2% par rapport au premier trimestre de l'année précédente. Les ventes des magasins comparables ont diminué de 8,5%.

Les ventes sont en deçà des estimations et elles ont visiblement rappelé au marché que les temps sont durs pour les détaillants, nous a dit un analyste.

L'entreprise de Boucherville attribue le recul des ventes «en grande partie au faible niveau de confiance des consommateurs canadiens envers l'économie et la baisse importante des mises en chantier dans l'ouest du pays».

Mais l'économie n'était pas le seul handicap du détaillant, qui rappelle que le début d'année particulièrement froid partout au pays et des précipitations records en Alberta en mars ont également joué contre lui.

«Janvier a été extrêmement difficile», a dit le président et chef de la direction, Robert Dutton, pendant une téléconférence avec des analystes. La forte pression sur les ventes devrait s'estomper, «mais les prochains trimestres resteront exigeants», ajoute M. Dutton.

Le quincaillier prévoit donc encore des impacts négatifs sur les ventes et les bénéfices dans les prochains mois, même si les ventes d'avril ont été «légèrement» meilleures qu'au premier trimestre.

Rona compte beaucoup sur les bas taux hypothécaires et les crédits d'impôt à la rénovation (mis en vigueur au printemps) pour stimuler l'industrie.

Perte de 2,5 millions

Rona affiche une perte nette de 2,5 millions au premier trimestre, soit une perte de 2 cents par action diluée. Le bénéfice d'exploitation s'est établi à 25,5 millions de dollars, en baisse de 4,2%.

Mais le détaillant a poursuivi son programme PEP (productivité, efficacité, profitabilité), qui lui a permis d'améliorer sa marge brute, réduire ses stocks (baisse de 7,3% au premier trimestre) et ses coûts de logistique.

«Ces éléments nous ont d'ailleurs permis d'atténuer les effets de la récession en cours sur les ventes, indique Robert Dutton. Nous avons considérablement amélioré notre bilan par une réduction significative de notre niveau d'endettement et de nos frais financiers.»

Rona entend aussi réduire de 50 millions (25%) ses dépenses en immobilisations pendant l'exercice 2009.

Il n'a pas été possible d'obtenir une entrevue avec les dirigeants de Rona hier.