La récession a un impact clair sur la confiance et le comportement des consommateurs québécois et le secteur du commerce de détail doit sacrifier une portion de ses marges de profit pour se maintenir.

Le Conseil québécois du commerce de détail a présenté lundi les résultats d'un vaste sondage qui démontre que la confiance des consommateurs québécois est à son plus bas niveau depuis 2004, soit depuis que le Conseil mesure cet indice.

Celui-ci a chuté de 23 points depuis le sommet de l'automne 2007 pour se situer à 81,4, glissant en-deçà de son creux précédent de 86,6, atteint au lendemain de l'ouragan Katrina à l'automne 2005, alors que les prix du pétrole étaient en forte hausse.

De plus, près des deux tiers des répondants (62%) croient que la situation économique du Québec se détériorera au cours des 12 prochains mois, comparativement à 37% il y a un an.

Quant à leur propre situation financière, 63% des ménages affirment qu'elle n'a pas changé, une proportion identique à l'année précédente, mais seulement un sur dix (11%) dit constater une amélioration, comparativement à un sur cinq (21%) l'an dernier, alors que 26% affirment que leur situation s'est détériorée, soit 10% de plus qu'en 2008.

Fait à noter, parmi les ménages dont la situation s'est détériorée, une proportion de 18% imputent cette situation à la diminution de la valeur de leurs placements, ce qui reflète directement la crise financière.

«Dans le sondage précédent, l'année dernière, seulement 3% identifiaient cette cause comme un des éléments principaux ayant causé la détérioration de leur situation financière», a précisé en conférence de presse le président du Conseil québécois du commerce de détail, Gaston Lafleur.

Conséquemment, les consommateurs québécois ajustent leurs habitudes. Alors que 18% disent n'avoir aucunement modifié leur comportement, d'importantes majorités disent rechercher davantage les rabais (69%), fréquenter les mêmes magasins mais acheter moins (62%) ou encore fréquenter davantage les magasins moins chers (59%). Deux consommateurs sur cinq (39%) adoptent ces trois comportements.

M. Lafleur a souligné que les détaillants parviennent à tirer leur épingle du jeu en se tournant notamment vers les soldes, réduisant de ce fait leur marge bénéficiaire.

«Si on regarde par exemple le secteur du vêtement, plusieurs de nos détaillants ont quand même connu des ventes intéressantes, mais c'était au détriment des marges, parce qu'on a dû solder davantage. (...) Les ventes sont toujours présentes, mais par contre la marge bénéficiaire en prend pour son rhume», a-t-il dit.

Les intentions d'achat des Québécois sont d'ailleurs révélatrices: ils anticipent réduire leurs dépenses dans toutes les catégories de biens courants, les baisses les plus fortes étant prévues dans les appareils audio et vidéo (moins 40%), les meubles et électroménagers (moins 36%), le matériel informatique (moins 31%), les restaurants (moins 29%) et les articles de sport (moins 28%).

Curieusement, toutefois, un ménage sur quatre prévoit malgré tout réaliser un achat important au cours de l'année, qu'il s'agisse d'une maison, d'un véhicule ou d'appareils électroménagers, une proportion qui se maintient d'une année à l'autre.

«Je ne pense pas que les consommateurs québécois soient en situation de panique, mais ils seront probablement plus judicieux dans leurs sélections et leurs choix», a dit M. Lafleur.

Le sondage a été réalisé par la firme AltusGéocom entre le 25 février et le 12 mars auprès de 1007 répondants. Sa marge d'erreur est de plus ou moins 3,2%, 19 fois sur 20.