Les programmes d'aide à la rénovation mis en place par Québec et Ottawa pourraient permettre au détaillant Rona (T.RON) d'échapper en partie à la récession, a avancé mercredi le président et chef de la direction de l'entreprise, Robert Dutton.

Depuis quelques mois, dans le but de relancer l'économie, les gouvernements offrent des crédits d'impôt pour la rénovation domiciliaire. Rona en a aussitôt profité pour bonifier ces mesures en offrant à ses clients qui effectuent des dépenses admissibles un rabais spécial jusqu'à la fin de l'année.

Jusqu'ici, un millier d'entre eux ont montré leur intérêt en s'inscrivant sur le site web du détaillant. Mais il est encore trop tôt pour quantifier l'impact des crédits d'impôt sur les résultats de l'entreprise, a indiqué M. Dutton à l'issue d'une allocution prononcée à la tribune de l'Association des MBA du Québec.

«Est-ce que ça va compenser pour les gens qui ne feront pas de projets ou qui vont réduire leurs dépenses? Il faut être prudent», a-t-il dit.

Le dirigeant a déploré que les consommateurs «ne comprennent pas les programmes» des gouvernements. Plusieurs clients de Rona estiment que les montants des crédits d'impôt ne sont pas assez élevés, alors que le jeu en vaut la chandelle, selon lui.

Une chose est sûre, crédits d'impôt ou pas, les analystes financiers s'attendent à ce que les revenus et les profits de Rona baissent en 2009.

Robert Dutton ne les contredit pas, mais il tient à apporter des nuances. La situation n'est pas la même partout, relève-t-il: les choses vont relativement bien au Québec alors que la récession frappe de plein fouet en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Le PDG n'entrevoit toutefois pas de reprise «sérieuse» avant le milieu de 2010, au mieux.

Il ne faut pas croire que la situation le désole pour autant. Pour Rona, le ralentissement est l'occasion d'accroître la productivité.

«On profite de la récession pour revoir l'ensemble de nos opérations», a expliqué M. Dutton.

Cela s'est traduit par le licenciement de quelques dizaines d'employés, a admis le dirigeant. Mais pour l'instant, Rona n'a pas eu à réduire, ni même à geler, les salaires du personnel en place.

Rona entend par ailleurs poursuivre sur la voie des acquisitions, qui ont alimenté sa croissance depuis 2000. Mais le gros des transactions ne surviendra pas avant six mois ou un an, le temps que les vendeurs baissent leurs prix, a indiqué Robert Dutton.

Selon Rona, de 20 à 30 pour cent des marchands indépendants devraient quitter le marché d'ici les sept prochaines années.

L'action de Rona a clôturé mercredi à 11,95 $, en hausse de 1,3 pour cent, à la Bourse de Toronto.