Avec la crise immobilière qui perdure, les pertes d'emplois qui s'accumulent et la confiance des consommateurs qui atteint les bas-fonds aux États-Unis, les géants du commerce et de la restauration doivent se restructurer pour demeurer profitables. Voici comment Macy's, Starbucks (SBUX), Home Depot (HD)et Retail Ventures - quatre gros détaillants parmi tant d'autres - s'organisent pour affronter la tempête.
RETAIL VENTURES
Aujourd'hui même, à New York, quelque 1500 futures mariées prendront d'assaut le grand magasin Filene's Basement d'Union Square pour s'arracher des robes de designer à prix d'aubaine. C'est la traditionnelle «course des mariées», organisée chaque année par l'entreprise. Un véritable événement.
Filene's Basement tient une place de choix dans le coeur de bien des Américaines. Et des jeunes mariées. Mais la chaîne va mal. Son propriétaire - Retail Ventures - éprouve de sérieux problèmes de liquidités.
L'entreprise de Columbus, en Ohio, a été contrainte de fermer 11 des 36 Filene's Basement répartis un peu partout aux États-Unis depuis le début de 2009. La liquidation des inventaires s'est terminée il y a quelques jours à peine. Le groupe a aussi renégocié les baux de ses 25 magasins encore en activité.
Retail Ventures, qui possède aussi les boutiques de chaussures DSW, a enregistré un chiffre d'affaires de 455 millions US au troisième trimestre de 2008, en légère hausse. Mais les ventes par magasin comparable - mesure clé dans l'industrie du détail- ont baissé de 7,9%, un recul inquiétant.
Il y a deux semaines, l'entreprise a averti la Securities and Exchange Commission (qui régule les marchés financiers) qu'elle «continuait à explorer des options stratégiques pour affronter les risques posés aux liquidités».
Retail Ventures
Fermeture hier 1,55$ US
Baisse de 78% de sa valeur depuis un an.
HOME DEPOT
La rénovation résidentielle est loin d'être en tête des priorités pour bien des propriétaires américains ces jours-ci. Et Home Depot en fait les frais.
Le géant de la rénovation a vu son chiffre d'affaires glisser de 17% au dernier trimestre de 2008. Le groupe a enregistré une perte nette de 54 millions de dollars, loin des profits de 671 millions récoltés un an plus tôt.
Pour stopper l'hémorragie, et réduire ses frais d'exploitation, l'entreprise a annoncé il y a un mois un vaste programme de restructuration. D'ici la fin mars, Home Depot fermera les 34 magasins de sa division de décoration Expo et 14 autres commerces opérant sous diverses bannières. Quelque 5000 personnes perdront leur emploi aux États-Unis.
La décision a été difficile à prendre, «mais elle était nécessaire pour renforcer notre marque centrale, Home Depot», a déclaré le président de l'entreprise, Frank Blake, le mois dernier.
Le groupe licenciera par ailleurs 10% de ses employés de bureau - environ 2000 personnes -, en plus de geler leurs salaires.
Home Depot
Fermeture hier 20,64$US
Baisse de 28% de sa valeur depuis un an.
STARBUCKS
À New York, comme dans plusieurs grandes villes américaines, impossible de franchir deux coins de rue sans tomber sur un Starbucks. Trop de cafés au kilomètre carré, semble-t-il.
Le géant de Seattle fermera 200 cafés aux États-Unis, a-t-il annoncé le mois dernier. Le groupe avait déjà décrété la fermeture de 600 points de vente américains en juillet dernier. En tout, plus 6700 emplois seront abolis.
La piètre performance du groupe, dont les ventes ont chuté de 6% au premier trimestre de l'année financière 2009, a rendu inévitable la prise de cette décision difficile, a fait valoir Howard Schultz, PDG de Starbucks, dans une lettre envoyée il y a un mois à ses employés.
«La crise financière affecte presque toutes les entreprises dans le monde; les décisions que nous avons prises visent à assurer l'avenir de Starbucks», a-t-il écrit.
Les ventes par magasin comparable ont reculé encore plus - de 9% - que le chiffre d'affaires global, ajoutant à l'urgence de réduire les frais d'exploitation.
Starbucks espère économiser 400 millions en 2009 grâce à ses nouvelles mesures d'austérité.
Starbucks
Fermeture hier 9,02$US
Baisse de 53% de sa valeur depuis un an.
MACY'S
Macy's n'est pas dans le rouge, mais ses profits sont à des années-lumière de ce qu'ils étaient il y a un an.
Le géant du commerce de détail, qui exploite 848 magasins aux États-Unis, a vu son bénéfice net fondre de 59% au quatrième trimestre, à 310 millions de dollars. Un recul considérable.
Macy's a décidé en janvier de fermer ses 11 magasins les moins performants pour mieux équilibrer son portfolio. Une décision en partie liée «aux changements des habitudes de magasinage» des Américains, a indiqué dans un communiqué le président de l'entreprise, Terry Lundgren.
Malgré la fermeture de plusieurs succursales - et la baisse des profits au quatrième trimestre -, les analystes ont salué les résultats de Macy's dans l'environnement économique actuel.
L'entreprise a réussi à maintenir ses inventaires à des niveaux assez bas, en plus d'offrir des articles exclusifs de Martha Stewart et de Tommy Hilfiger qui ont séduit le public. Les ventes ont baissé, mais moins que chez ses concurrents Kohl's et JC Penney, ont noté les analystes. Les marchés ont très bien réagi à l'annonce de ces résultats mardi dernier, propulsant le titre de 12% à la Bourse de New York.
Macy's
Fermeture hier 7,84$US
Baissé de 70% de sa valeur depuis un an.
DEMAIN DANS LA PRESSE AFFAIRES
»La vie après Wall Street»
Un ex-gestionnaire de fonds qui vend des amphétamines pour boucler ses fins de mois. Une ex-courtière devenue soldate pour empocher le bonus de signature de l'armée. Des financiers recyclés en barmans. Ou sur le chômage. À lire demain dans La Presse Affaires, les témoignages d'une dizaine d'ex-travailleurs de Wall Street, qui s'adaptent chacun à leur manière à la chute de l'industrie financière.