Les consommateurs n'avaient pas le coeur à la fête quand ils ont fait leurs emplettes de Noël.

Les ventes des détaillants ont reculé de 5,4% en décembre, révélait hier Statistique Canada. Ce repli mensuel, le plus important depuis l'entrée en vigueur de la TPS en 1991, fait suite à ceux d'octobre et de novembre. Ils indiquent que la consommation s'est effondrée l'automne dernier, en même temps que l'économie mondiale.

Ces mauvais chiffres, deux fois pires que ceux qu'attendaient les experts, amènent d'ailleurs Desjardins à réviser une nouvelle fois à la baisse son scénario économique.

 

Tant au Canada dans son ensemble que dans sa société distincte, la récession commencée à l'automne se poursuivra jusqu'à la fin de l'été quand les plans de relance des gouvernements commenceront à porter fruit, estime désormais l'institution lévisienne. Quatre trimestres de décroissance d'affilée plutôt que les deux qu'elle voyait encore dans sa boule de cristal, en décembre.

Toutes les catégories touchées

Durant le dernier mois de l'année, ce sont avant tout les ventes de voitures neuves qui ont plongé. Sans leur piqué de 15,1%, les ventes des détaillants auraient tout de même reculé de 3,2%.

Fait à noter, toutes les catégories de commerce ont enregistré une diminution de leurs ventes. Aucune province n'a été épargnée par le nouvel attachement des ménages aux vertus de l'épargne. Au Québec, le repli atteint 4,4%.

«La détente des prix à la pompe représente un boni pour les consommateurs, mais ils préfèrent l'épargner car, si on exclut les ventes d'essence, le recul est quand même de 4,6%», estime Krishebn Rangasamy, économiste chez CIBC Marchés mondiaux.

Pour l'ensemble de 2008, les ventes des détaillants ont reculé de 6,4% d'un océan à l'autre, mais de 1,7% seulement au Québec. (En Alberta et en Colombie-Britannique, les ventes ont plongé de plus de 10%.)

«Il n'y a pas de doute que les consommateurs n'étaient pas de bonne humeur, ironise Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. La troisième chute mensuelle de suite a poussé le commerce de détail en décembre à son plus bas niveau depuis novembre 2006.»

Il serait étonnant qu'ils aient été dans de meilleures dispositions en janvier, mois caractérisé par la perte de 129 000 emplois, la pire depuis le début de cette série statistique en 1976.

La guerre de prix que se sont livrée les concessionnaires automobiles ou les magasins d'appareils électroniques n'explique pas la baisse de leurs ventes. Exprimées en volume, elles ont reculé de 4,1%, portant à 6,1% le repli trimestriel par rapport aux ventes de l'été.

Elles pèseront lourdement sur le calcul du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre dont le chiffre sera connu lundi.

Desjardins s'attend à une chute de 3,2% du PIB, suivie par de nouveaux reculs de 3,0%, 2,6% et 0,6%, durant l'hiver, le printemps et l'été.

«Le Canada ne peut plus échapper à la tendance lourde actuelle, écrivent François Dupuis et Yves Saint-Maurice, économiste en chef et économiste en chef adjoint dans la Mise à jour de leurs prévisions. Pour l'ensemble de la présente année, la croissance économique a été ramenée à -1,6% par rapport à -1,0.»

Le Québec

Pour le Québec, les chiffres sont à peine moins mauvais: -1,3% pour l'ensemble de 2009. «L'annonce de licenciements massifs, qui touchent maintenant le secteur aéronautique, montre que peu de secteurs seront épargnés par la récession», font observer MM. Dupuis et Saint-Maurice.

Les plans de relance des gouvernements vont commencer à porter fruit en seconde moitié d'année. Toutefois, il faudra que le consommateur reprenne goût à la dépense. Les résultats du sondage Harris-Decima mené au début du mois auprès de quelque 2000 personnes sont encourageants à cet égard. L'indice de confiance est à son niveau le plus élevé depuis août.