Rue Sainte-Catherine aussi, des détaillants renégocient à la baisse leurs loyers dans la foulée du ralentissement des ventes.

La rue Sainte-Catherine, qui est pourtant l'artère commerciale la plus recherchée de Montréal, surtout depuis qu'elle s'est refait une beauté durant les années 90, n'échappe pas à la tempête économique.

Quand des chaînes sabrent leurs projets d'ouverture et que d'autres préparent des fermetures de magasin et renégocient leurs loyers, des courtiers commerciaux voient leur marché se rétrécir, reconnaît Bruce Munro, vice-président d'Avison&Young au Québec.

 

«Presque toutes les grandes bannières ont déjà pignon sur rue au centre-ville de Montréal», (ce qui limite le bassin de la clientèle), et les autres prennent leur temps. Bruce Munro a ainsi aidé récemment deux chaînes à conclure des ententes, rue Sainte-Catherine, mais elles «n'ont pas encore signé leurs baux et veulent déjà les renégocier à la baisse».

André Poulin, président de la société de développement commercial Destination centre-ville, confirme que des loyers se renégocient. «Certains propriétaires font des offres pour ne pas perdre leurs locataires. Plusieurs tentent leur chance. Même Destination centre-ville a renégocié son loyer», dit-il.

«Les locaux de la rue Sainte-Catherine continuent toutefois d'être recherchés. Les détaillants ne veulent pas sortir du centre-ville. La rue Sainte-Catherine ne sera pas placardée demain matin», assure André Poulin. Des magasins vont cependant fermer, selon Bruce Munro. Par contre, des chaînes vont sabrer des magasins de mégacentres de la banlieue avant ceux de la rue Sainte-Catherine, ajoute-t-il.

Archambault Musique vient de quitter le Complexe des Ailes de la mode, après une entente mutuelle, mais la chaîne californienne Forever 21, concurrente de H&M, va prendre les locaux avant l'été prochain, confirme Jean Laramée, vice-président principal pour l'est du Canada chez Ivanhoé Cambridge.

«De grandes bannières comme Guess, American Eagle, H&M et Apple sont arrivées récemment rue Sainte-Catherine. Cela en attire d'autres, souligne André Poulin. Là, on renégocie des loyers, mais sans provoquer des départs.»

«Des loyers de 200$ le pied carré pourraient baisser à 150$, rue Sainte-Catherine, estime Bruce Munro. Le prix était de 50$ ou 60$ le pied carré en 1992. Rue Bloor, à Toronto, les loyers de 325$ le pied carré sont trop élevés aussi.» Les détaillants s'en tirent mieux dans le marché des jeunes que dans celui des hommes, dit-il.

«Il n'y a pas de vague de réouvertures de baux, mais quelques négociations», assure Jean Laramée. Chez Ivanhoé Cambridge, un des grands propriétaires de centres commerciaux en Amérique du Nord, «on n'est pas fou, on sait que ça brasse un peu partout, c'est une période de tests pour plusieurs. Au Canada, par contre, on ne sent pas trop la tempête. Notre affluence a été correcte en 2008». Jean Laramée reconnaît toutefois qu'il préfère gérer dans l'est du Canada qu'aux États-Unis ces jours ci.

David Jubb, chef de la direction de Pyxis Real Estate Equities, de Toronto, a acheté une dizaine de locaux à proximité de la Maison Ogilvy de la rue Sainte-Catherine, qui lui appartient, pour bâtir un «Carré de la mode». Nespresso Café, de New York, y ouvrira un magasin, le mois prochain, et David Jubb déclare travailler avec «quatre ou cinq autres détaillants. L'économie ralentit et certains repensent à leurs affaires, mais on doit se reparler au printemps. Chez Ogilvy, ce sera plus lent en 2009, mais Nespresso va attirer de la clientèle», croit-il.