L'AEUMC consacre un chapitre au textile, une industrie qui, malgré les malheurs qui l'ont frappée depuis le début des années 2000, emploie encore plus de 8000 travailleurs au Québec, principalement à Montréal et en Montérégie.

L'objectif de départ des Américains était de soumettre à de sévères quotas les exportations canadiennes de vêtements composés d'intrants étrangers, dans le but d'en augmenter le contenu nord-américain. Or, le pire a été évité à ce chapitre, se réjouit au téléphone Bob Kirke, directeur général de la Fédération canadienne du vêtement.

« Les négociateurs ont accompli de la bonne besogne en préservant l'accès au marché américain pour les fabricants canadiens. Dans le détail, le nouvel accord revoit à la baisse les quotas, mais ceux-ci restent bien supérieurs au niveau des exportations actuelles. »

Un exemple, le quota d'exportation sur les vêtements fabriqués à partir de laine importée passe de 5 à 4 millions de mètres carrés avec le nouvel accord. Toutefois, les livraisons canadiennes aux États-Unis sont inférieures à 3 millions. On estime qu'un complet pour homme nécessite 2 mètres carrés de tissu.

Néanmoins, le nouvel accord introduit des dispositions ordonnant que des intrants comme du fil à coudre, du tissu pour sac, des bandes élastiques étroites ou bien des étoffes enduites soient de source nord-américaine. « C'est comme si on obligeait l'industrie automobile à se servir uniquement de vis d'origine nord-américaine », donne en exemple M. Kirke.

Si ces dispositions sont appliquées avec zèle par les douaniers américains, elles pourraient se répercuter sur le coût des vêtements produits au Canada et éventuellement placer ceux-ci en désavantage face aux vêtements produits dans les pays à bas de coût de production comme le Viêtnam.

Dans un communiqué, l'organisme sectoriel américain National Council of Textile Organizations s'est réjoui que le textile fasse l'objet d'un chapitre dans le nouvel accord. Il réserve son analyse pour plus tard, non sans rappeler l'importance économique du secteur chez nos voisins du Sud avec ses 500 000 emplois.

NOS VINICULTEURS RESTENT DE MARBRE

L'ALENA 2.0 inclut une lettre d'accompagnement exigeant que la Colombie-Britannique cesse de vendre uniquement des vins locaux en épicerie d'ici au 1er novembre 2019. Y a-t-il un risque que les producteurs californiens se plaignent un jour de la loi 88 qui permet la vente d'alcools québécois dans les épiceries du Québec ?

Yvan Quirion, président du Conseil des vins et propriétaire du Domaine St-Jacques, n'est pas inquiet. « Avant la loi 88, la situation au Québec était l'inverse du modèle de la Colombie-Britannique : les vins étrangers étaient vendus en épicerie, mais pas les vins québécois », explique-t-il.

Une rencontre a néanmoins eu lieu en juin dernier entre les représentants de l'ambassade des États-Unis et des fonctionnaires canadiens des Affaires mondiales au sujet de la loi 88. M. Quirion y a été invité. « Il n'y a aucune réciprocité. On ne vend pas une seule bouteille aux États-Unis, alors que la Californie en vend environ 50 millions de bouteilles », dit celui qui a interrompu sa récolte de vidal pour prendre notre appel.

Par ailleurs, le 13 août dernier, l'Australie a demandé l'établissement d'un groupe spécial de l'Organisation mondiale du commerce pour qu'il règle sa plainte à propos de mesures discriminatoires du fédéral et des provinces pour les vins importés. Les dispositions de la loi 88 québécoise sont montrées du doigt.