La nouvelle ronde de négociations entre le Canada et les États-Unis sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) a suscité des signaux d'espoir des deux camps mercredi, les représentants de chaque pays estimant qu'un accord pourrait être conclu d'ici la fin de la semaine.

Un jour après la reprise de négociations intensives entre les deux voisins, tant le premier ministre Justin Trudeau que le président américain Donald Trump ont exprimé un certain optimisme quant à la possibilité de parvenir à un nouvel accord continental d'ici vendredi.

À la sortie de sa deuxième réunion de la journée avec le représentant américain au Commerce, mercredi soir, la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a déclaré que les négociateurs allaient poursuivre les discussions très tard et possiblement toute la nuit.

Ceux-ci cherchent à établir de possibles points de rencontre où les deux parties peuvent trouver leur compte. Chrystia Freeland, Robert Lighthizer et leurs équipes de négociation respectives devraient se revoir jeudi pour évaluer le progrès accompli.

«Il s'agit d'une période très intense dans les négociations et l'on tente d'abattre le plus de travail possible très rapidement», a commenté la ministre.

«J'ai l'impression que les deux parties entreprennent cette étape avec beaucoup de bonne foi... L'atmosphère est bonne, on travaille de manière productive», a-t-elle ajouté.

L'ALÉNA, une entente tripartite qui date de 24 ans et qui fait partie intégrante de l'économie de l'Amérique du Nord, est en cours de renégociation depuis plus de 12 mois.

Des responsables canadiens ont soutenu qu'un accord de principe annoncé plus tôt dans la semaine entre les États-Unis et le Mexique, qui a dénoué l'impasse sur la difficile question de la main-d'oeuvre dans le secteur de l'automobile, a brisé l'embâcle de la renégociation.

M. Trump a ajouté à l'urgence des négociations en exerçant des pressions sur Ottawa pour qu'il se joigne à ce nouvel accord d'ici à vendredi - sans quoi il imposerait des tarifs douaniers dévastateurs dans le secteur automobile canadien.

Mercredi, après des entretiens intensifs entre des responsables des trois pays, M. Trudeau s'est montré prudent en affirmant qu'il était possible qu'un nouvel accord soit conclu avant la fin de la semaine - mais il a ajouté que le Canada ne signerait pas une mauvaise entente commerciale simplement pour respecter la date butoir fixée par M. Trump.

«Nous reconnaissons qu'il est possible d'y arriver avant vendredi, mais ce n'est qu'une possibilité, car cela dépendra s'il s'agit finalement d'une bonne affaire pour le Canada, une bonne affaire pour les Canadiens», a déclaré M. Trudeau lors d'un événement dans le nord de l'Ontario.

«Je dis depuis le début qu'une absence d'entente sur l'ALÉNA est mieux qu'une mauvaise entente sur l'ALÉNA. Et nous allons rester fermes sur ce principe parce que les Canadiens s'attendent à ce que nous les défendions», a ajouté le premier ministre.

Le premier ministre Trudeau a réitéré que son gouvernement protégerait la gestion de l'offre à tout prix.

«C'est une chose que nous avons fait savoir très clairement aux Américains, même s'il est évident que les Américains veulent que nous nous débarrassions de la gestion de l'offre», a dit M. Trudeau.

«J'ai dit que ce n'était pas acceptable pour nous.»

Plus tard mercredi, le bureau de M. Trudeau a envoyé un signal de la progression des négociations sur «l'ALÉNA 2.0».

Son bureau a indiqué que le premier ministre tiendrait une conférence téléphonique jeudi après-midi avec les premiers ministres des provinces pour discuter des négociations de l'ALÉNA. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, y participera, tout comme l'ambassadeur du Canada aux États-Unis, David MacNaughton, et le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc.

M. Trump semblait également persuadé mercredi qu'un accord pourrait être conclu sous peu.

«Ils veulent faire partie de l'accord et nous avons donné jusqu'à vendredi, et je pense que nous sommes probablement sur la bonne voie», a dit M. Trump aux journalistes concernant l'équipe de négociation du Canada.

«Nous verrons ce qui arrivera. Mais en tout cas, les choses se passent très bien», a affirmé le président américain.

La ministre Freeland avait précédemment exprimé son optimisme quant aux «intenses» discussions en cours à la table de l'ALÉNA, à Washington. Elle avait toutefois prévenu que des pourparlers plus ardus étaient encore attendus.

«En ce qui concerne des questions spécifiques, nous avons beaucoup de travail à faire cette semaine à l'échelle ministérielle, et les responsables sont en train de franchir une étape extrêmement intense», a déclaré la ministre à l'issue d'une rencontre à Washington avec son homologue américain, le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer.

Compromis des Mexicains

Mme Freeland a salué les Mexicains pour leurs difficiles compromis sur le travail et les salaires, dans le cadre de leurs négociations avec les États-Unis sur les règles d'origine des véhicules automobiles. «Le travail que le Mexique et les États-Unis ont fait pendant l'été et les compromis très sérieux que le Mexique a faits sont bons pour les travailleurs canadiens, et ça nous donne une fondation pour être optimistes sur le travail que nous faisons ici cette semaine.»

Mme Freeland a annulé son voyage officiel en Europe cette semaine pour revenir à la table de négociation de l'ALÉNA, après que les États-Unis et le Mexique ont réglé de nombreux points tout au long de leurs pourparlers bilatéraux cet été.

Absents de ce mois de discussions américano-mexicaines, les négociateurs du Canada sont de retour à Washington pour la première fois depuis le printemps. Mme Freeland affirme que les négociateurs tentent de trouver de nouveaux espaces de compromis - surtout de façon bilatérale avec les Américains.

Au Canada, plusieurs se demandent si Ottawa est disposé à ouvrir l'accès à son marché laitier, protégé par la gestion de l'offre, ou s'il jettera plutôt du lest sur le système de règlement des différends. Les États-Unis ont exigé que le Canada assouplisse sa position sur ces deux questions - et sur quelques autres.

Pressée par les journalistes, mercredi matin, Mme Freeland a refusé de préciser ce qui est sur la table - M. Lighthizer et elle ont convenu de ne pas négocier en public.