Comme prévu, la Banque du Canada relève son taux directeur, qui passe de 1,25 à 1,5%, et signale d'autres hausses à venir pour contenir une inflation croissante.

«L'économie devrait résister aux taux d'intérêt plus élevés, à condition que le revenu de travail continue de progresser», a soutenu Stephen Poloz, le gouverneur de la Banque du Canada, en conférence de presse.

Il a expliqué que la robustesse de l'économie canadienne  permet d'absorber les tensions commerciales et le choc des tarifs américains sur le bois d'oeuvre, l'acier et l'aluminium. «C'est un avantage d'avoir une économie robuste avec ces chocs», a-t-il dit.

Stephen Poloz estime toutefois que des droits de douane additionnels sur les véhicules et les pièces fabriqués au Canada auraient un effet beaucoup plus grand sur l'économie.

C'est la première hausse des taux d'intérêt depuis janvier, et la quatrième depuis un an, quand la banque centrale a commencé à relever des taux restés très bas depuis la crise financière de 2008.

À 1,5%, le taux directeur est à son niveau le plus élevé depuis dix ans.

D'autres hausses de taux sont à prévoir, mais la Banque du Canada, fidèle à son habitude, ne donne aucune indication sur le rythme de ces augmentations.

«Des taux d'intérêt plus élevés seront justifiés pour maintenir l'inflation près de la cible», prévient le conseil de direction de la banque centrale, qui veut conserver «une approche graduelle, guidée par les nouvelles données», peut-on lire dans le communiqué.

Dans son rapport trimestriel sur la politique monétaire publié en même temps que la décision sur les taux d'intérêt, la banque centrale se montre assez optimiste pour l'économie canadienne, en dépit des tensions commerciales grandissantes. La croissance devrait remonter à 2,8% au deuxième trimestre de 2018 avant de redescendre à 1,5% au troisième trimestre.

Entre 2018 et 2020, l'économie canadienne devrait croitre au rythme moyen de 2% en moyenne entre 2018 et 2020. Le taux d'inflation, mesuré par l'indice des prix à la consommation, devrait augmenter à 2,5% au cours de la prochaine année avant de redescendre au niveau cible de 2% au second trimestre de 2019.

Une croissance différente

La banque centrale constate que la composition de la croissance économique canadienne commence à changer. «La contribution des dépenses des ménages devrait être plus petite qu'en 2017 et celle des exportations et des investissements des entreprises, plus grande», dit le rapport.

Les consommateurs dépenseront moins, parce qu'ils seront freinés par l'augmentation des taux d'intérêt et par le resserrement des règles pour l'octroi des prêts hypothécaires. La banque prévoit que les ménages pourraient être incités à épargner davantage.

Les entreprises  et les exportations ont pris le relais des ménages au premier trimestre, et continueront d'alimenter la croissance, prévoit la Banque du Canada, malgré les incertitudes liées au commerce extérieur.

Les secteurs de l'informatique, du logiciel et de la recherche-développement sont particulièrement dynamiques, relève la banque.

Mais les tensions commerciales freineront les entreprises exportatrices. «Les exportateurs et leurs fournisseurs canadiens devraient toutefois différer ou réduire les dépenses d'investissement en raison de l'incertitude grandissante qui entoure les politiques de commerce extérieur», estime la banque centrale.

Sous surveillance

Au cours des prochains mois, la Banque du Canada entend surveiller plus particulièrement l'ajustement de l'économie aux taux d'intérêt plus élevés, l'évolution des salaires et la réaction des entreprises et des consommateurs aux mesures commerciales américaines.

L'effet de l'incertitude commerciale sur les investissements et les exportations est maintenant jugé plus important que dans le rapport d'avril sur la politique monétaire.

Les droits de douanes imposés sur l'acier et l'aluminium devraient réduire les exportations de 0,6%, prévoit la banque.

Les contre-mesures imposées par le Canada feront diminuer les exportations dans la même proportion et exerceront une pression à la hausse sur les prix à la consommation.

Au final, la Banque du Canada estime que l'incertitude et les mesures commerciales déjà imposées par les États-Unis amputeront la croissance canadienne de deux tiers de point de pourcentage d'ici la fin de 2020.

«Bien qu'il y ait des ajustements difficiles à venir pour certains secteurs et leurs travailleurs, l'effet de ces mesures sur la croissance et l'inflation au Canada devrait être modeste», croit la banque centrale.

La vigueur de l'économie canadienne aidera à atténuer l'impact négatif des tarifs américains, selon elle.