Avant que l'attention ne se tourne vers le programme principal dans Charlevoix, la semaine prochaine, les ministres des Finances du G7 discuteront plus discrètement cette semaine, en Colombie-Britannique, des enjeux économiques mondiaux.

Mais les ministres du club sélect des sept pays industrialisés devront encore une fois faire face à certaines inquiétudes en Europe - et les craintes concernent cette fois l'un des leurs: l'Italie.

L'Union européenne craint que ce pays ne s'enfonce dans une nouvelle crise financière, à la grecque, ou même que Rome n'abandonne l'euro - un scénario jugé improbable pour le moment. L'instabilité en Italie s'est toutefois répercutée sur les marchés cette semaine, suscitant des craintes qu'une crise nationale se propage à l'économie mondiale.

Les experts de ces sommets du G7 prédisent que les inquiétudes concernant l'Italie, et d'autres liées à l'Argentine et la Turquie, seront abordées par les ministres de Finances et les dirigeants des banques centrales, cette semaine à Whistler. Les questions plus urgentes liées à ces pays pourraient détourner l'attention de l'ordre du jour que le gouvernement canadien avait prévu pour ces trois jours de rencontres ministérielles, à une semaine du grand sommet des chefs d'État et de gouvernement.

Le ministre canadien des Finances, Bill Morneau, sera responsable de ramener l'ordre du jour du gouvernement à Whistler - notamment s'assurer que la croissance économique profite au plus grand nombre, et promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Ottawa organise aussi des séances conjointes entre les ministres du Développement international et des Finances dans le but de trouver des façons d'augmenter le soutien aux pays pauvres et de mettre l'accent sur l'éducation des filles.

Ce sommet ministériel permettra aussi à M. Morneau de rencontrer le secrétaire américain au Trésor, Steve Mnuchin, où il pourra évoquer les frictions commerciales entre les deux pays.

Le Canada veut à tout prix éviter que Washington impose des tarifs douaniers sur les importations canadiennes d'acier et d'aluminium. Le président Donald Trump a menacé de ne pas prolonger l'exemption dont bénéficie actuellement le Canada et le Mexique, jusqu'à vendredi. La menace de ces tarifs douaniers s'ajoute à la difficile renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain.

Selon l'«expert du G7» John Kirton, de l'Université de Toronto, les préoccupations financières croissantes dans des pays clés comme l'Italie seront probablement au coeur des discussions des ministres des Finances, cette semaine - et il croit que les marchés s'attendront à un message clair de leur part avant le grand sommet de La Malbaie, du 7 au 9 juin.

«Nous sommes présentement face à une potentielle "mini-crise financière" mondiale, et les ministres des Finances vont devoir commencer avec ce dossier», a soutenu M. Kirton. «Ils vont devoir se concentrer sur le message qui sortira de Whistler (...) Je ne crois pas qu'ils avaient vraiment imaginé jusqu'ici qu'ils auraient une crise financière à régler.»

Outre le Canada, les États-Unis et l'Italie, le G7 regroupe le Japon, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne.

Tom Bernes, qui a été représentant du ministère canadien des Finances auprès du G7, estime lui aussi que les ministres réunis à Whistler devront discuter du dossier italien. «Alors que les risques pour l'euro et la croissance économique mondiale ont clairement augmenté, les membres européens tenteront sans aucun doute de se montrer rassurants», écrit dans un courriel M. Bernes, chercheur au Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, qui a aussi occupé auparavant des postes de responsabilité au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale.

Les réunions de Whistler doivent aussi permettre d'aborder la cybersécurité pour le système financier, les impacts des changements technologiques sur l'emploi, la coordination fiscale internationale, les risques économiques mondiaux et le rôle des organisations internationales dans le renforcement de l'économie mondiale.

M. Bernes s'attend à ce que les ministres du G7 évoquent une mise à jour du FMI pour l'Argentine, qui occupe la présidence du G20 cette année. Mais il serait étonné que des conclusions importantes émergent de Whistler, puisque le G20 demeure le principal forum de coopération économique.

Les intentions commerciales en constante évolution de Washington pourraient aussi ressortir à Whistler, notamment la nouvelle menace américaine de tarifs douaniers sur les importations d'acier et d'aluminium, prévoit M. Bernes. «Les flammèches risquent de voler.»