Le Canada relaie les inquiétudes des constructeurs automobiles selon lesquelles certaines des règles envisagées dans le cadre des négociations sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pourraient se révéler dommageables pour l'une des plus importantes industries du continent.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a dit avoir soulevé certaines de ces inquiétudes, mercredi, lors d'une rencontre avec son homologue des États-Unis dans ce qui devrait être la dernière ligne droite pour permettre la conclusion d'une entente avant 2019.

Mme Freeland a aussi posé des questions pour savoir si les implications de certains détails de récentes propositions avaient été mûrement réfléchies.

À sa sortie de la rencontre, Mme Freeland a fait valoir qu'une «erreur pourrait accabler les entreprises avec une bureaucratie beaucoup trop lourde» et réduire la compétitivité de l'Amérique du Nord par rapport au reste du monde.

La ministre a dit porter une «très, très grande attention» à cet enjeu.

La plus récente proposition des États-Unis prévoit une proportion de 75 % de pièces nord-américaines dans chaque automobile et de 70 % d'acier nord-américain. Elle suggère aussi qu'une portion de 40 % de chaque automobile soit construite par des travailleurs gagnant un salaire d'au moins 16 $ l'heure et que les entreprises soient créditées pour les dépenses en recherche et développement.

Une étude du Center for Automotive Research aux États-Unis, financée par l'industrie, soutient que ces règles feraient grimper le coût d'une voiture de centaines, voire de milliers de dollars, agirait essentiellement comme une taxe et plomberait ultimement les ventes.

Bien que l'objectif des États-Unis soit de rapatrier des emplois dans le secteur de la fabrication, le fait que les Américains envisagent un tarif de seulement de 2,5 % pour le non-respect des règles fait dire à certains observateurs que ces nouvelles règles ne feraient qu'imposer plus de tarifs, et ne créeraient pas d'emplois.

Le Mexique s'oppose particulièrement à la proposition des États-Unis, et a répliqué en recommandant des changements plus modestes.

«L'ALENA est important pour notre industrie, ce qui fait que nous fondons beaucoup d'espoir sur le fait que les trois parties seront en mesure d'en venir rapidement à une certaine forme d'entente», a affirmé le président de l'American Automotive Policy Council et ancien gouverneur du Missouri, Matt Blunt.

M. Blunt a dit être encouragé par certaines avancées. Pendant des mois, Washington a proposé que la moitié de toutes les pièces automobiles soient produites sur le territoire des États-Unis.