Une haute dirigeante de la Banque du Canada a lancé un avertissement, jeudi, au sujet des risques liés à la domination croissante d'une poignée de grandes entreprises dans l'économie numérique - et, plus précisément, à leur monopole sur les données des consommateurs.

La première sous-gouverneure de la banque centrale, Carolyn Wilkins, a affirmé que les gouvernements sont inquiets des conséquences économiques négatives que pourraient avoir les grandes sociétés technologiques si leur puissance n'est pas contrôlée devraient d'abord se concentrer sur l'ajustement de leurs politiques.

Dans le texte préparé d'un discours présenté jeudi à Montebello, elle a rappelé que l'économie numérique était un moyen prometteur d'augmenter la croissance tendancielle et le niveau de vie en général - pourvu que des efforts soient accomplis pour s'assurer que personne ne soit laissé pour compte.

Mme Wilkins a indiqué que la montée des entreprises «phares» pouvait entraîner une diminution du nombre d'emplois par rapport à ceux qui sont créés par les entreprises conventionnelles. Il est aussi plus facile pour ces grandes entreprises technologiques d'éviter les taxes et les impôts puisque leur production n'est pas rattachée à une adresse fixe, a-t-elle ajouté.

Selon Mme Wilkins, le fait d'avoir accès aux données de consommateurs peut aider les entreprises à évincer leurs rivales et affaiblir les bienfaits de la concurrence.

«L'impression selon laquelle le «gagnant rafle toute la mise» s'amplifie dans une économie numérique, car les données des utilisateurs y deviennent une autre source de monopole», a affirmé la sous-gouverneure dans le cadre d'un symposium du G7 sur l'innovation et la croissance inclusive.

«Nous n'arriverons pas à tirer tous les avantages de l'innovation si nous ne contrôlons pas la puissance du marché.»

Mme Wilkins a noté que les cinq plus grandes entreprises technologiques du monde possédaient une valeur boursière avoisinant les 3500 milliards US, soit environ le cinquième de la taille de l'économie américaine.

Plusieurs solutions sont possibles, a-t-elle poursuivi, comme la modernisation des politiques antitrust et sur la concurrence, ainsi que l'exploration des règles sur la propriété et le partage de données - peut-être en donnant aux utilisateurs la maîtrise de leurs données ou en obligeant les entreprises à payer les consommateurs pour les obtenir.

Mme Wilkins a aussi estimé qu'il valait mieux lever le flou juridique qui entoure la confidentialité des données, la sécurité de l'information et les droits des consommateurs dans de nombreux États et territoires.

Le message de la sous-gouverneure survient alors que les leaders de la communauté technologique du Canada demandent aux gouvernements de développer un plan pour aider le pays à tirer profit du secteur des mégadonnées, qui prend de plus en plus d'importance, et à parer aux risques qui lui sont associés.

Une porte-parole du ministre du Développement économique, Navdeep Bains, a indiqué qu'Ottawa pouvait aider le Canada à devenir un leader dans le secteur des données et que des discussions avaient actuellement lieu à ce sujet.