Le premier ministre Justin Trudeau poursuivait jeudi sa visite de quatre jours aux États-Unis avec un arrêt à San Francisco, où il devait rencontrer notamment les patrons des géants du commerce électronique Amazon et eBay.

Il profitera aussi de sa présence en Californie pour souligner que plusieurs entreprises technologiques canadiennes sont à la recherche d'employés - ce qui ne risque pas de tomber dans l'oreille d'un sourd, dans le contexte politique actuel. Pendant que plusieurs employeurs américains s'inquiètent des conséquences des politiques des États-Unis en matière d'immigration, le Canada offre un programme pour permettre à certains travailleurs étrangers d'obtenir un permis de travail en aussi peu que deux semaines.

Des centaines, peut-être même des milliers - personne ne sait vraiment - de Canadiens oeuvrent dans l'industrie technologique du nord de la Californie. Plusieurs d'entre eux détiennent un visa délivré en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Pendant sa campagne électorale, le président américain Donald Trump a qualifié l'ALÉNA de « désastre » pour les emplois américains et a menacé à quelques reprises de se retirer de l'accord s'il ne pouvait obtenir ce qu'il voulait.

« Sans l'ALÉNA, ces (emplois) disparaissent. Cela pourrait causer des dérangements immédiats pour la communauté technologique » des deux côtés de la frontière, a estimé Daniel Ujczo, avocat spécialisé en commerce international de Columbus, en Ohio, qui a participé aux négociations sur l'ALÉNA, qui en sont à leur sixième ronde.

« Ce n'est malheureusement pas une idée qui est discutée. Le Canada et le Mexique continuent d'évoquer les questions sur la mobilité des travailleurs, mais les États-Unis ne veulent pas en parler », a-t-il dit.

Le consul général du Canada dans la région, Rana Sarkar, a précisé que le but de la visite de M. Trudeau n'était pas de « braconner » les meilleurs employés, mais de s'assurer que la voix du Canada est entendue dans la nouvelle économie.

« Nous ne sommes pas ici pour voler des emplois à la Silicon Valley », a affirmé M. Sarkar lors d'un entretien cette semaine. « Nous sommes ici pour nous coordonner avec le secteur technologique d'ici. »

M. Trudeau devait rencontrer jeudi le chef de la direction d'eBay, Devin Wenig, le grand patron de Salesforce, Marc Benioff et celui d'Amazon, Jeff Bezos. Ses discussions avec M. Bezos porteront entre autres sur la ville où Amazon installera son deuxième siège social nord-américain. Toronto est la seule ville canadienne toujours en lice.