Brian Mulroney a défendu vigoureusement l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en témoignant devant le comité du Sénat sur les affaires étrangères à Washington, mardi.

L'ancien premier ministre conservateur a affirmé que l'accord commercial avait bénéficié tant aux États-Unis qu'au Canada, non seulement sur le plan économique, mais aussi dans l'établissement de la relation bilatérale la plus pacifique et prospère de l'histoire.

M. Mulroney a fait ces commentaires mardi, à la suite de la plus récente ronde de négociations sur un nouvel accord, tenue à Montréal la semaine dernière sous le poids des menaces répétées du président américain Donald Trump de retirer son pays de l'ALENA.

M. Mulroney - qui a évité de mentionner le nom du président - a fait valoir que l'entente avait créé des emplois, de la richesse et de la prospérité pour les trois partenaires: le Canada, le Mexique et les États-Unis.

M. Mulroney a affirmé que le protectionnisme pouvait devenir un outil pratique lorsque la peur et la colère alimentent le débat public.

Toutefois, l'ancien premier ministre conservateur a fait valoir que l'histoire avait démontré en Amérique du Nord, en Europe et en Asie que le meilleur antidote est une intensification du libre-échange, et non une réduction, dans le but de stimuler la croissance économique et de contribuer à un secteur de l'emploi plus solide.

M. Mulroney a été accueilli chaleureusement par la majorité des sénateurs américains du comité, qui estiment largement que l'ALENA doit être modernisé, mais qu'il a été une bénédiction pour leur pays et l'Amérique du Nord.

Il était aussi clair que plusieurs membres du comité s'inquiètent des menaces fréquentes du président de retirer les États-Unis de l'ALENA, que M. Trump a déjà qualifié d'accord «horrible».

La vision de trois grands présidents

M. Mulroney a amorcé son témoignage en se remémorant une conversation avec Ronald Reagan en 1985, qui a servi de genèse à ce qui allait éventuellement devenir l'ALENA.

«L'ALENA n'est pas arrivé par accident», a dit M. Mulroney.

«Dans une large mesure, il a été le résultat du leadership et de la vision de trois grands présidents des États-Unis: Ronald Reagan, George Herbert Walker Bush et Bill Clinton», a-t-il poursuivi.

Les principales critiques de M. Trump concernant l'accord de libre-échange ont porté sur les inquiétudes à l'égard d'un déficit commercial des États-Unis avec le Canada et le Mexique, signifiant que les Américains importent davantage de biens et de services qu'ils n'en exportent.

M. Mulroney a contredit cette vision des choses, disant que les États-Unis avaient profité en fait d'un surplus de biens et de services de 7,7 milliards US avec le Canada l'an dernier, tout en faisant valoir d'importants investissements canadiens et mexicains aux États-Unis depuis les débuts de l'entente.

«Comment expliquez-vous aujourd'hui un taux de chômage de 4,1 pour cent aux États-Unis, un taux similaire au Canada et une prospérité croissante au Mexique?», a lancé l'ancien premier ministre conservateur.

«Ce qui est survenu, bien sûr, est que nous nous sommes mis ensemble et avons construit un marché de 21 000 milliards de dollars avec des millions et des millions de nouveaux emplois en Amérique du Nord, dans tous les secteurs», a-t-il fait valoir.