Boeing a commenté vendredi l'intention du gouvernement Trudeau d'acheter des avions de chasse usagés de l'Australie, en affirmant qu'elle respecterait la décision, mais qu'elle n'avait pas l'intention d'abandonner sa dispute commerciale avec sa rivale canadienne Bombardier.

Le géant américain de l'aéronautique semblait destiné à vendre 18 ses des avions Super Hornet au Canada, au coût estimé de 6 milliards de dollars, pour soutenir temporairement l'armée de l'air en attendant le remplacement de sa vieille flotte de CF-18.

Mais les libéraux ont abandonné ce plan en raison de la dispute commerciale entre Boeing et Bombardier, et ils annonceraient plutôt, la semaine prochaine, leur intention d'acheter des F-18 de seconde main de l'Australie, même s'ils ont déjà exprimé certaines craintes liées à l'achat de plus vieux avions de chasse.

Boeing s'est faite discrète ces dernières semaines, alors que se poursuivaient les discussions au sujet des avions australiens, mais elle a finalement rompu son silence vendredi, dans une déclaration soigneusement préparée.

Citant des articles de médias selon lesquels le gouvernement s'apprêterait à choisir les avions de chasse de seconde main, Boeing a assuré «respecter la décision du gouvernement canadien» et indiqué qu'elle continuerait à chercher des façons de travailler avec le Canada.

Mais Boeing a aussi établi clairement qu'elle n'avait pas l'intention d'abandonner sa dispute avec la montréalaise Bombardier, qu'elle accuse d'avoir enfreint les règles commerciales internationales en vendant des dizaines d'avions de la C Series à un transporteur américain.

«Notre engagement de créer un terrain de jeu équitable pour tous les joueurs de l'industrie aéronautique reste en place», a expliqué Boeing. «Nous allons continuer à soutenir tous les efforts pour bâtir un environnement de concurrence libre et juste, qui se distinguera par le respect des règles préalablement établies.»

Les libéraux avaient indiqué en novembre 2016 qu'ils achèteraient 18 avions Super Hornet pour répondre à un manque critique d'avions de chasse, en attendant de remplacer la flotte complète de CF-18 des forces aériennes dans les années à venir.

Le gouvernement avait indiqué à l'époque que le Super Hornet était le seul appareil qui pouvait répondre à ses besoins immédiats.

Mais c'était avant que Boeing ne dépose une plainte auprès du département américain du Commerce, alléguant que Bombardier avait vendu des avions de la C Series à Delta Airlines à un prix dérisoire grâce à des subventions obtenues auprès du gouvernement.

Les autorités du commerce américain ont proposé d'imposer aux avions de la C Series importés aux États-Unis des droits totalisant 300 pour cent. L'application de ces droits ne sera pas officielle avant qu'un jugement distinct ne détermine si Bombardier a nui aux activités de Boeing.

La société européenne Airbus a depuis proposé d'obtenir une participation majoritaire dans le programme d'avions commerciaux de la C Series. Cette transaction, qui prévoit notamment que les avions destinés aux consommateurs américains seront assemblés dans une usine en Alabama, pourrait peut-être permettre d'éviter l'imposition des droits.