Alors qu'il s'enfonce depuis plusieurs jours dans une vive controverse au sujet de possibles conflits d'intérêts, Bill Morneau annoncera aujourd'hui une embellie budgétaire à Ottawa et de nouvelles mesures pour la classe moyenne.

Le ministre fédéral des Finances dévoilera à 16 h sa mise à jour économique de l'automne, qui contiendra un lot de bonnes nouvelles. Il exposera notamment « le résultat positif de certaines mesures déjà en vigueur, comme l'Allocation canadienne pour enfants », ainsi que des mesures nouvelles, a indiqué à La Presse une source bien placée.

Ces annonces refléteront la forte croissance économique observée au dernier trimestre (+ 4,5 %), qui place le Canada en tête de peloton des pays industrialisés. « On va expliquer comment on s'assure que les gens sur le terrain voient les bénéfices de cette croissance », a-t-on expliqué hier.

Bill Morneau devrait aussi dévoiler de nouvelles projections qui feront état de déficits moindres que prévu, selon La Presse canadienne. Pas question, toutefois, de s'avancer sur la date d'un possible retour à l'équilibre budgétaire.

INQUIÉTUDES

Les finances écrites à l'encre rouge par Bill Morneau inquiètent au plus haut point l'opposition conservatrice à Ottawa, qui tape régulièrement sur ce clou. Divers organismes de recherche, comme l'Institut économique de Montréal, sonnent aussi l'alarme.

L'Institut économique de Montréal (IEDM) rappelle que le déficit fédéral s'est élevé à presque 18 milliards de dollars pendant la dernière année financière, alors qu'on enregistrait deux ans plus tôt un surplus de près de 2 milliards. « La situation est loin d'être rose », a dénoncé hier Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l'IEDM, dans un communiqué.

« Le Directeur parlementaire du budget estimait en 2014-2015 que si la tendance se maintenait, la dette nette du gouvernement fédéral allait être complètement éliminée en 2040. Mais d'après sa plus récente projection, cette date est maintenant retardée de 20 ans et repoussée à 2060. » - Alexandre Moreau, de l'IEDM

TIRS GROUPÉS

Dans l'immédiat, c'est surtout sur sa fortune personnelle et ses apparents conflits d'intérêts que Bill Morneau se fait attaquer. Il a continué à faire l'objet d'un tir croisé des conservateurs et des néo-démocrates, hier, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de la Chambre des communes.

L'opposition l'accuse de ne pas avoir placé ses actions de Morneau Shepell - la firme qu'il dirigeait et dont il possède toujours des titres - dans une fiducie sans droit de regard et d'avoir promulgué une loi sur les retraites qui profiterait à cette entreprise. Le Nouveau Parti démocratique a déposé en matinée une motion à la Chambre des communes en vue de forcer le ministre « à présenter ses excuses à la Chambre et aux Canadiens pour avoir perdu leur confiance ».

Pendant la période des questions, le conservateur Gérard Deltell a continué d'exiger des comptes du ministre. « Morneau Shepell, c'est une entreprise qui applique les lois du gouvernement, et le ministre des Finances, c'est lui qui les fait, a-t-il lancé. C'est un conflit d'intérêts direct, et on l'a vu avec le projet de loi C-27 [sur les prestations des régimes de retraite]. »

Aux nombreux parlementaires qui l'ont interpellé à ce sujet, Bill Morneau a répété presque mot pour mot les mêmes réponses. Il a insisté sur la forte croissance économique du Canada et sur les 400 000 emplois créés l'an dernier. « Pendant que l'opposition se concerne au sujet de mes finances, je me concerne aux finances des Canadiens, aux familles canadiennes. »

Le climat - et la pression sur Bill Morneau - semble loin de vouloir s'apaiser. Les partis de l'opposition sont déjà prêts à réagir à la mise à jour économique libéral dès 16 h 15 cet après-midi.